Articles

Pour en finir avec le bavardage climatique

Bla, bla, bla. En finir avec le bavardage climatique

 

Parmi les publications de ce mois de mars, il y a lieu de souligner celle d’Albin Wagener. Albin est maître de conférences à l’Université de Rennes, il a réalisé précédemment une étude passionnante sur la propagation des questions environnementales sur les réseaux sociaux.

Il y montrait l’émergence d’un lien plus fort avec l’action politique, la prise de conscience de l’absence de solutions purement techniques, le rôle de nouveaux médias alternatifs comme Konbini, Brut, Clique et la faible audibilité de la sphère institutionnelle et scientifique.

 

 

Dans cet ouvrage, il s’intéresse aux discours environnementaux. Il a des mots très durs envers le colibrisme « Je fais ma part », puisque celui-ci freinerait la perception de la nécessité des ruptures au sein du système économique, tout en faisant porter une forte part de responsabilité sur le citoyen, alors même que la somme des actions des particuliers n’aurait qu’un effet limité sur la lutte contre le dérèglement climatique.

 

 

Il est aussi très critique sur le discours collapsologue qui prône un survivalisme individuel empêchant toute prise en compte du collectif et surtout l’attention aux plus vulnérables.

 

 

Comme spécialiste de l’analyse du discours, il regrette l’absence de récit fédérateur réellement capable de mobiliser et insiste sur le choix des mots, non seulement pour évoquer le changement climatique, mais aussi dans la vie quotidienne, à l’exemple du fait de parler de « mauvaises herbes » ou d’utiliser le mot « environnement » qui renvoie à « ce qui nous environne » alors que nous en faisons bien partie. Albin Wagener insiste avec raison sur le pouvoir mobilisateur de l’émotion par rapport à celui de la simple information : « Ce sont les émotions qui nous motivent à agir et à réfléchir ».

 

 

L’auteur détaille le discours climato-sceptique en y observant la forte diversité entre le climato-réalisme et le climato-rassurisme, mais toujours avec des constantes comme l’isolation délibérée d’un fait ou d’un événement pour restreindre la portée générale. Cela n’est d’ailleurs, comme il le remarque, pas très éloigné d’un certain type de traitement environnemental médiatique à l’exemple des canicules qui montrent des enfants heureux sous des fontaines d’eau ou mangeant des glaces sous la chaleur.

 

 

Dans son chapitre sur le greenwashing, il en démontre les conséquences sur l’entreprise elle-même, mais aussi sur l’ensemble de l’image des acteurs économiques. En clair les stratégies de verdissement ne s’avèrent pas payantes.

L’ouvrage se termine avec l’étude des mots du langage militant et des slogans utilisés dans les manifestations pour le climat. Et il faut reconnaître que l’imagination déborde depuis le célèbre « Il n’y a pas de planète B » jusqu’aux « Moins de riches, plus de ruches », « Moins de banquiers, plus de banquise », « On est plus chaud que le climat », « Pour de l’argent, ils tueraient Terre et Mer », …

 

 

Un appel rigoureux à de nouveaux récits qui tiennent compte du vécu de chacun et une analyse qui permet de mieux comprendre les stratégies argumentatives autour des questions environnementales.

Au final, une excellente contribution à la communication environnementale et à l’action pour le climat, basée sur une abondante documentation toujours parfaitement référencée.

 

Albin Wagener, Bla, bla, bla. En finir avec le bavardage climatique, Préface de Valérie Masson-Delmotte, Le Robert, mars 2023.

vous en reprendriez bien une couche?

Après les innondations cet été en Allemagne et en Belgique, les feux de foret en Grèce, le rapport du groupe 1 du Giec, j’ai été un peu énervé par les commentaires sur les réseaux sociaux. Ceux ci étaient souvent  sur le mode « j’espère que maintenant vous avez enfin compris » ou « ça ne vous suffit pas, il vous en fait encore une couche? ». Voici un article sur le site du Monde le 18 août 2021, malheureusement en accès complet seulement pour les abonnés.

L’objectif de la communication climatique ne doit pas être la neutralité carbone

Le Giec: s’ouvrir ou disparaitre

Nouvel article avec C Roux-Dufort, cette fois publié par le journal québécois « Le Devoir », thème: les contestations sur le réchauffement climatique utilise le Giec en tant qu’organisation pour mieux critiquer la réalité du changement climatique, il est imperatif que le Giec comprenne désormais l’importance de la communication. Ce n’est pas une option de plus, c’est une nécessité pour sa survie.

 

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/293242/giec-s-ouvrir-ou-disparaitre