Comment lutter contre la fraude alimentaire
Alors que l’affaire Findus et le grand scandale de la fraude alimentaire qui secoua les consommateurs européens en ce début d’année commence à s’estomper, que l’entreprise Spanghero au coeur de l’affaire va se faire oublier en se renommant « la Lauragaise » (ah cette fameuse stratégie du changement de nom, toujours d’actualité, la communication de crise a bien lu ses classiques), il est interessant de se pencher sur ce qui se pratiquait au moyen âge.
  
La lecture du 1er numéro de la revue « Sciences et vie » (en fait « La Science et la Vie » qui date d’avril 1913 comprend un article très détaillé: « La répression des fraudes alimenatires », il est signé de Mr Eugène Roux, directeur des services sanitaires et scientifiques et de la répression des fraudes au ministère de l’agriculture.
  En début d’article, il évoque l’ordonnace de Messire Jacques de Tourzel, je suis donc allé voir ce que c’était.
  Le contenu ci dessous vient du site Gallica de la BNF. Accrochez vous:
A retenir pour l’histoire.
Comment on punissait
les fraudeurs d’autrefois
Par ces temps de rareté du lait, du beurre
 et des œufs, veut-on savoir comment,
 en 1481, on punissait ceux qui aquatisaient
 le lait, falsifiaient le beurre ou vendaient
 les œufs pourris ? Voici
« A tout homme ou femme qui aura vendu
 lait mouillé, soit mis un entonnoir dedans
 sa gorge et ledit lait mouillé entonné
 jusques à temps qu’un médecin ou barbier
 dise qu’il n’en peut, sans danger de mort,
 avaler davantage.
 
« Tout homme ou femme qui aura vendu
 beurre contenant navet, pierre ou autre
 chose, sera saisi -et bien curieusement at-
 taché à notre pilori du Pontel. Pourront
 les chiens le venir lécher et le menu peuple
 l’outrager par telles épithètes diffamatoires
 qu’il lui plaira (sans offense de Dieu, du
 roi, ni d’autres).
 
 »Tout homme ou femme qui aura vendu
 œufs pourris et gâtés sera pris au corps et
 exposé sur notre pilori du. Pontel. Seront
 lesdits œufs abandonnés aux petits enfants,
 qui, par manière de passe-temps joyeux,
 s’ébattront à les lui lancer sur le visage
 ou dessus ses habillements, pour faire rire
 le monde. Mais ne leur sera permis jeter
 autres ordures. »
Cette curieuse ordonnance, signée Jacques
 de Tourzel, se trouve dans les archives du
 Puy-de-Dôme. Elle fut prise à la suite
 d’une supplique présentée en 1481 par les
 habitants d’Ambert.


Auteur de nombreux livres et articles sur l'Europe, la communication, l'environnement et les crises, Thierry Libaert est Conseiller au Comité Economique et Social Européen. Point de contact de la délégation française.