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Bilan à mi-mandat

Bilan à la moitié de mon mandat

 

Le 26 avril se sont déroulées les élections de mi-mandat au Comité Economique et Social Européen dont je suis l’un des 329 membres depuis septembre 2010. Il s’agit pour moi de mon 3ème mandat, chaque mandat dure 5 ans, et celui-ci s’achèvera donc en 2025. Au Comité, je représente la Fondation pour la Nature et l’Homme, une des 2 ONG environnementales françaises représentées avec France Nature Environnement. Le renouvellement concerne essentiellement les organes dirigeants, les présidents de section, de groupe et surtout le président du Comité. La procédure est purement formelle pour le président élu pour 2 ans et demi, puisqu’il est en fait désigné par roulement des trois différents groupes.

Oliver Röpke, nouveau Président de notre Comité

Après Christa Schweng, élue présidente en 2020, une autrichienne représentant le groupe des entreprises, c’est à nouveau un autrichien, Oliver Röpke, représentant du groupe des salariés, qui prendra la relève. Et logiquement, au prochain renouvellement, ce sera le président du groupe des organisations de la société civile européenne dont je suis membre, qui deviendra le prochain président, en septembre 2025 donc.

Ce renouvellement concerne également l’ensemble des conseillers au niveau de notre appartenance aux sections, commissions, observatoires.

 

Comme pour tout mandat public, je pense utile de présenter le bilan de mon mandat à mi-parcours.

 

 

Je suis membre des sections NAT (environnement, agriculture) et INT (marché intérieur), du groupe Communication et de celui sur l’initiative citoyenne européenne et je suis co-président de la catégorie Consommateurs et Environnement. Pour cette dernière fonction, mon mandat a été renouvelé lors d’une élection au sein de cette catégorie, le 15 février dernier. Je suis également le point de contact de la délégation française qui comporte 24 membres.

 

 

Durant ce mi-mandat, j’ai été rapporteur de trois avis, sur le renforcement de la lutte contre la désinformation en Europe, sur les leviers d’action du consommateur pour réussir la transition écologique, et sur l’évolution des modèles publicitaires pour les rendre davantage compatibles avec la lutte contre le dérèglement climatique. Je suis actuellement rapporteur d’un nouvel avis relatif au droit à la réparabilité. Les trois avis déjà votés sont sur le site du Comité et ont été publiés au Journal Officiel de l’Union Européenne. Durant mes deux premiers mandats j’avais été rapporteur de trois avis, sur l’obsolescence programmée au début de mon premier mandat. Ce texte fut le premier émanant d’un organe européen à se prononcer sur le sujet. J’avais ensuite été rapporteur d’avis sur le nudge et sur l’économie de fonctionnalité.

 

 

Depuis 2020, j’ai été membre d’une douzaine de groupes de travail sur des sujets comme les nouveaux indicateurs de croissance, sur les crypto actifs, la réaction aux situations extrêmes, les matériaux critiques, la responsabilité en matière d’intelligence artificielle, la responsabilité du fait des produits ou la cyber-résilience. Des sujets très divers, donc. L’ensemble de mes activités européennes est consultable sur le lien de la page du CES Européen ci après: Page Membre du Comité

 

Comme « Point de contact » de la délégation française, j’ai organisé plusieurs rencontres de cette délégation avec la plupart des interlocuteurs officiels en charge des affaires européennes comme les représentants en France du Parlement Européen, le Secrétariat Général aux Affaires européennes, le ministre puis le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, la Commission des affaires européennes de l’Assemblée Nationale et les collègues de la délégation française au Comité des Régions ou les responsables du Conseil Economique, Social et Environnemental français. J’ai été nommé par Clément Beaune, alors ministre des affaires européennes, pour intégrer le Comité de Suivi de la Présidence française de l’Union Européenne qui s’est déroulé au 1er semestre 2022.

 

A l’occasion du renouvellement de mi-mandat, je reste membre des sections NAT (Environnement), INT (Marché Intérieur) et du groupe Communication (CoCom). Je ne suis plus membre du groupe « Initiative citoyenne Européenne ». Je rejoins la Commission Mixte des Mutations Industrielles (CCMI), le groupe du Semestre Européen, et j’intègre le bureau de la section INT.

 

 

Il me reste deux ans et demi à accomplir ; ils devraient être bien occupés au vu de l’ensemble des enjeux européens actuels. Le Comité est un organe formidable qui fait travailler ensemble des membres aux intérêts différents et provenant des 27 Etats de l’Union Européenne et qui arrivent presque toujours à se mettre d’accord sur des textes majeurs.

 

 

Mon seul regret est que la Commission européenne n’est pas toujours réceptive à nos avis, quelle que soit la qualité de ceux-ci. Mais le travail est enthousiasmant et plus de 12 ans après, je suis toujours aussi motivé. Les discussions permanentes entre les 3 groupes et les 27 pays sont parfois compliquées, mais la volonté de faire avancer les choses est un moteur de nos engagements. Cela me confirme dans l’idée que la démocratie participative ne peut résulter de la juxtaposition d’opinions mais bien du processus même de la délibération et de la confrontation, pour autant qu’elles soient constructives.

Préface du guide de la communication responsable

Mardi 4 octobre, l’ADEME a publié la 2eme édition de son guide de la Communication responsable. Ce guide est vraiment important car il fournit tout à la fois une parfaire compréhension des enjeux mais aussi un véritable mode d’emploi.

J’ai pu contribuer à ce guide par des conseils, relectures, quelques textes et la préface que je mets ci dessous.

Ce livre de 440 pages est vendu au prix de 12€. Vous pouvez le commander ici: Commande guide ADEME

 

 

Prés de 80 contributeurs ont participé à la rédaction de ce livre, sous le pilotage de Valérie Martin et l’appui décisif de Mathieu Jahnich, auteur principal.

 

 

PREFACE:

Trente ans avant la sortie de ce guide, je publiais l’ouvrage La Communication verte, premier livre francophone consacré à la communication envi-ronnementale. La fin des années 1980 avait vu l’apparition des premières publicités uniquement focalisées sur une thématique environnementale, la France venait de lancer son premier plan national pour l’environnement, le premier sommet international sur l’environnement se préparait à Rio de Janeiro, l’opinion publique se montrait très sensibilisée après plusieurs grandes catastrophes comme Tchernobyl, Bâle ou l’Exxon Valdez, et certaines thématiques comme la déforestation amazonienne ou le dérèglement climatique commençaient à s’inscrire dans l’espace public. Il y avait là clairement un nouveau sujet de communication à explorer, d’autant que je pressentais que la dynamique serait durable.

 

L’évolution vers une communication plus responsable s’illustre parfaitement avec celle du guide de l’ADEME. Dans la première édition en 2007 de ce qui s’appelait encore Le guide de l’éco-communication, seuls trois domaines principaux étaient couverts : la publicité, l’événementiel et l’édition. Il s’agissait alors essentiellement de mieux concevoir ses messages afin d’éviter toute critique en greenwashing, et, dans quelques domaines, de réduire l’impact environnemental de ses actions de communication. Dans la première version du Guide de la communication responsable, publié en 2020, un changement d’échelle est apparu : l’objet était désormais de se situer dans une perspective beaucoup plus ambitieuse de prise de conscience de la responsabilité du communicant face aux grands enjeux de la transition écologique, cela au travers de l’ensemble des activités du communicant. Notre guide est en ce sens un bon indicateur de l’évolution de la fonction communication et de ses enjeux.

 

Deux années plus tard, chacun peut mesurer à quel point le contexte a radicalement changé. La pandémie du Covid-19 s’est généralisée, l’invasion russe en Ukraine a introduit la guerre aux portes de l’Europe, mais la perception de l’urgence écologique s’est durablement ancrée avec les derniers rapports du GIEC et l’accélération des événements météorologiques extrêmes ; le dérèglement climatique n’est plus renvoyé aux générations futures, nous pouvons tous constater qu’il est déjà présent et que ses conséquences se révèlent toujours plus dangereuses.

 

 

Beaucoup de choses se sont modifiées dans le paysage de la communication responsable, les pratiques sont mieux encadrées, les aspects sociaux et sociétaux appa- raissent davantage présents, les communicants publics comme ceux du marketing se sont fortement professionnalisés. Chacun s’accorde désormais à reconnaître que la communication responsable ne saurait être l’affaire de quelques grandes agences ou entreprises, pas plus qu’un marché de niches. La communication responsable est l’affaire de chaque communicant, quels que soient son organisation et son domaine d’activité. La notion de responsabilité s’est ouverte à d’autres thèmes comme la lutte contre la désinformation et il faut désormais parler de la responsabilité élargie du communicant. Le sujet s’est également implanté à l’échelon européen et les institutions européennes sont de plus en plus actives pour une information du consommateur propre à faire de celui-ci un levier de la transition écologique. Sur les réseaux sociaux on observe une sensibilité de plus en plus forte, s’exprimant parfois brutalement, envers les entreprises soupçonnées de greenwashing, et les plaintes s’étendent aux tribunaux classiques.

 

 

S’il fallait retenir un seul événement pour les métiers de la communication, je choisirais la Convention citoyenne sur le climat dont les travaux se sont déroulés d’octobre 2019 à juin 2020. Le fait est révélateur que150 personnes, qui ne se connaissaient pas, dès la deuxième séance de travail, c’est-à-dire juste après les présentations et l’exposé de la méthode, s’accordent pour dire que, s’il faut effectivement lutter contre le dérèglement climatique, il est nécessaire de s’attaquer au rôle de la publicité, volet le plus visible des actions de communication. Jamais nos métiers n’avaient connu pareille remise en cause et d’États généraux en publications d’engagements, de tribunes en guides, toute la profession a dû se mobiliser. Deux leçons peuvent en être tirées. D’abord la méfiance est durablement enracinée et plus que jamais, le communicant doit apporter la preuve des messages qu’il émet. Ensuite et surtout, la transformation du métier de communicant doit être vue comme une formidable opportunité pour redonner du sens à la fonction, renforcer l’attractivité du métier et favoriser l’avènement d’une société en phase avec les limites de notre planète, une société plus sobre et désirable.

 

 

Loin de la perception originelle d’une communication instrumentale, la communication responsable replace l’humain au cœur de ses dispositifs au service de nouveaux récits qu’elle aura contribué à faire émerger. Basée sur trois piliers que sont la preuve, la proximité et la relation aux parties prenantes, la communication responsable possède une grande ambition, mais les valeurs d’authenticité qu’elle véhicule nécessitent humilité et remise en cause permanente.

 

 

Une rupture s’est opérée dans le champ de la communication, et une forte dynamique s’est installée. Ce guide est là pour aider chaque communicant à y prendre part.

Comment les changements se produisent?

Change

Damon Centola est un sociologue spécialisé dans les phénomènes de changement qu’il étudie sous l’angle des réseaux de propagation. Dans ce livre, Change. How to make big things happen (John Murray ed. 2022), il passe en revue un grand nombre de propagations dans des domaines parfois fort éloignés comme la grande peste, la révolution copernicienne ou les mouvements #MeToo et #BlackLiveMatter, le printemps arabe et bien d’autres.

 

D’entrée, il affirme que le changement de comportement ne s’effectue pas comme un virus où le seul contact avec une information serait suffisant. Pour modifier un comportement, il ne suffit pas de propager des informations, il faut changer les croyances et les valeurs, ce qu’il résume ainsi : « Le changement social n’est pas une affaire d’informations, c’est une affaire de normes. »

 

Parmi ses découvertes, il démontre qu’il est moins efficace d’utiliser des influenceurs et qu’il convient de s’intéresser davantage aux endroits où peut s’accélérer un changement de comportement. Ainsi, le plus puissant indicateur de réussite de l’activisme est qu’il déborde de son noyau central de personnes déjà convaincues pour atteindre des personnes dans un réseau périphérique éloigné. Cela fait penser à la sensibilisation climatique où l’on a parfois l’impression qu’un groupe d’influenceurs et micro-influenceurs ne visent qu’à renforcer leurs convictions entre eux.

 

Un indicateur majeur du changement n’est pas le nombre de réception d’une information, mais le fait que celle-ci soit reçue en provenance d’une diversité d’interlocuteurs. « Le facteur crucial pour la propagation d’un nouveau comportement ne réside pas dans la quantité des messages reçus, mais dans la réception en provenance de sources multiples. » (p. 108). Le principal obstacle au changement ne serait alors pas le contenu de l’information, ni même leur crédibilité, mais la coordination entre émetteurs et l’utilisation de personnes relais qui ressemblent le plus aux récepteurs des messages. En matière de changement « la diversité est la clé de la réussite. » (p. 154).

L’auteur revient en quelques pages sur les notions de « paradigm shift » (Thomas Kuhn) et de « tipping point » (Malcom Gladwell). Il reprend les travaux de Rosabeth Kanter selon qui, la masse critique pour amener une population vers de nouvelles normes serait comprise entre 20 à 35 % de celle-ci. Cela signifie que l’intégration d’un nouveau comportement qui passerait de 10 à 20 % de la population aurait moins d’intérêt qu’un passage entre 18 à 22 % puisque l’on franchirait un point de bascule.

 

Pour mieux connaître les déterminants d’un changement de comportement, Damon Centola cite l’étude menée en Californie en 2007. Pour influencer des ménages à mieux réguler leur consommation énergétique, trois méthodes furent employées : informer sur les incidences environnementales, informer sur les bénéfices financiers et informer sur le comportement du voisinage. La seule réduction de gaspillage qui fut constatée fut lorsque les ménages étaient informés du comportement de leur voisinage. Cela confirme de nombreux travaux sur les sciences comportementales, les nudges et le poids des normes sociales.

 

Un bon exemple, par ailleurs confirmé par de très nombreuses études en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon, en Suisse ou en Belgique porte sur l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit des maisons. Ici également, et toutes les études convergent, le déterminant n’est ni le montant des subventions ou la qualité des informations reçues, mais la seule vision de voisins ayant eux-mêmes installé ces panneaux sur leur toit. Le plus de personnes ayant adopté cette source d’énergie, le plus le sentiment d’une attente sociale est perçue par les riverains, l’exemplarité participe de l’effet boule de neige. Le meilleur moyen de favoriser une modification comportementale est de diffuser une norme sociale dans une communauté (p. 237).

 

Le livre se termine avec un dernier exemple sur la croyance au dérèglement climatique au travers de la perception d’une information relative à la fonte des glaces en Arctique. Un forum de discussions politiques est organisé aux Etats-Unis avec des démocrates et des républicains autour de données transmises par l’observation satellitaire de la Nasa. Lorsque les participants interviennent en mentionnant leurs préférences politiques, aucune avancée n’apparaît dans la compréhension des phénomènes et chacun campe sur ses positions. Toutefois, si l’appartenance politique n’est pas indiquée, la perception de la réalité d’une régression de la glace en Arctique progresse fortement et au final devient partagée par 90 % des participants à l’étude. La perception d’un intérêt quelconque d’un interlocuteur biaise parfois lourdement la crédibilité de ses propos, même si ceux-ci sont scientifiquement fondés. Les effets de cadrage (framing effects) ont un plus fort impact que le message en lui-même.

 

Le lecteur souhaitant en savoir davantage trouvera en fin de livre un nombre important de références académiques sur l’ensemble des analyses présentées. Dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique, cet ouvrage permet de dépasser de nombreuses idées reçues sur les modalités d’une sensibilisation efficace

suggestions de lecture

En juillet (Cf ce blog à la date du 14 juillet) , j’avais présenté  quelques lectures du 1er semestre, j’ajoute ici quelques lectures du second semestre 2021 en espérant que cela puisse donner quelques idées de découverte. Au total, une quarantaine de lectures ou relectures cette année, et pour la première fois depuis très longemps, quasi uniquement des lectures sans idée utilitaire de documentation, un plaisir total donc. 

Réédition 2016 en format livre d’un article de 1976 où Edgar Morin analyse le concept de crise. Pour lui, la crise est l’accroissement du désordre et de l’incertitude, elle est un risque et une chance. Un texte interessant à relire mais qui semble dépassé, le sujet Crise = Danger + Opportunité est désormais bien compris. Et l’écriture d’Edgar Morin est parfois inutilement compliquée: «  »Il n’y a pas de théorie de la crise sans théorie de l’auto-(géno-phéno)-éco-ré-organisation » (P 61). Oups.

 

Un livre de 600 pages assez étonnant. Publié en 98 par un auteur mort 2 ans avant, il fait vivre la personnalité d’un script doctor, un métier consistant à réécrire des scénarios. J’ai lu le livre apres avoir lu une interview de l’acteur Samuel Benchetrit disant que c’était le meilleur livre qu’il ai lu et il est vrai que les critiques sont plutot très bonnes. Je n’en dirais pas autant même s’il y a d’excellents passages, une histoire trop alambiquée, des personnages convenus.

 

 

Une belle bibliographie (890 pages) sur un personnage bizarre. Une vie incroyable au coeur du mouvement surréaliste, de l’histoire communiste soviétique et francaise. Des camaraderies étranges avec Drieu la Rochelle, des romans qui ont vieillis, des poémes fantastiques, un stalisnisme pur et dur, des trahisons multiples et une fin de vie pitoyable. Pour l’auteur, une grande part de la postérité d’Aragon tient aux albums de Jean Ferrat et Léo Ferré qui ont été plus vendus que tous les livres.

 

Ayant remporté le prix du livre Environnement, je suis allé voir celui qui l’avait obtenu en 2020. L’idée de base est le concept de satisfaction pour sortir des thèses de croissance économique. « Le but de toute société est de proposer des satisfactions, non des Euros ». L’auteur pense que les collectivités territoriales sont mieux armés car elles ne sont pas omnubilés par les indicateurs de croissance. On devrait aussi s’interesser au rôle de la famille pour réussir la transition écologique.

 

 

Un livre remarquable que ce Journal pour Anne, je n’attendais pas François Mitterrand sur ce terrain du journal intime pour son grand amour Anne Pingeot. L’histoire politique (64-66 essentiellement, avec la 1ere campagne présidentielle de Mitterrand)) se conjugue à celle des parties de golf, des monuments, des traits d’humour, des achats de vieux livres et surtout des messages d’amour permanents. C’est aussi un beau livre où la plupart des pages sont couvertes de collage, souvent artitisques, en fonction de la journée.

 

Patrick d’Humières connait parfaitement les enjeux de RSE et de Communication. Dans cet essai (2021, 208 pages, Ed l’Aube), il plaide pour relancer le projet européen en mettant l’entreprise responsable au coeur du projet. Ce qui rend l’Europe unique, ce sont les valeurs de bien-être, de protection sociale, de solidarité, d’environnement. Il dénonce la gouvernance des grands groupes qu’il juge autiste. L’Europe est aussi le continent où l’économie sociale compte pour 10% des emplois, un record.

 

Lecture de vieux classiques avec ce livre de 1721 et ces lettres de Usbek et Rica pour prendre un point de vue décalé sur la France. J’ai bie aimé les passages les parisiens sont presnetés comme toujours pressés, où la fureur de ceux qui veulent avoir de l’esprit, c’est de faire des livres, et où chacun veut avoir un avis sur tout.

 

 

 

Livre d’entretiens entre Adrien Rivière et Enki Bilal. Découverte du fort pessimisme de Bilal: »je crois qu’en bout de course l’humanité disparaitra à breve échéance » (p 24). J’ai aimé le passage où il qu’avant dans les salons de BD on venait lui demander un dessin et maintenant on lui demande un selfie (p 118). Les propos sont bien mis en contexte par des encarts d’A Rivière.

 

 

Rédigé par Bruno David, le Président du Museum d’histoire naturelle, ce livre était dans la short list des 4 livres pour le prix du livre Environnement 2021. J’ai appris que le terme Biodiversité était récent puisqu’il date de 1986, que la fertilité masculine avait baissé de 53% en Europe en 50 ans, qu’il y a 25 milliards de volailles, que le gaspillage alimentaire represente 30 kilo par an et par habitant. Pour l’auteur, nous sommes loin de la grande extinction, mais la pente indique que ça va très vite.

 

 

Ce livre (1992) de Nonna Mayer et PAscal Perrineau indique que la vie démocratique tient plus à la diversité des élites qu’à l’intensité de la participation, que la participation politique n’est pas corrélé avec l’action associative et syndicale, que si les notions de droite et de gauche sont dépassées, les français sont (en 88) 97% à se situer sur cette échelle, que l’érosion des constrastes politiques territoriaux est à l’oeuvre depuis plus d’un siècle, que le patrimoine est le plus fort déterminant du vote avec la religion.

 

 

Un livre qui date de 1970, autant dire un peu daté. Il reste des infos interessantes: Il y avait 39 millions de français en 1911 et 40,5 en 1946 et 49,8 en 1968, il n’y avait jamais eu autant de divorces qu’en 1919, En octobre 2018, il y eu 115 000 morts sous l’effet de la grippe espagnole. 10 départements connurent une baisse de moitié de leur population pendant la guerre. De 1921 à 1926, la population étrangère augmenta de 61%. 80% des ouvriers des mines de Lorraine étaient étrangers.

 

 

Un livre complet et parfaitement documenté. Les textes sont accompagnés de nombreux exemples et témoignages d’experts. Le livre présente d’abord le diagnostic et l’élaboration de la stratégie marketing, puis le conception des offres, la politique de prix, le circuit de distribution et les modes de communication. J’ai appris que 20 entreprises entre 1965 et 2018 avaient été responsables d’1/3 des émissions de GES et que la valeur totale des 10 1eres entreprises dépasse la richesse de 180 pays.

 

Entretiens entre Paul Nizon que je connaissais peu et Frédéric Pajak dont j’admire la série du Manifeste Incertain. C’est surtout une invitation à la lecture de Joyce, Pavese, Beckett dont j’ai appris qu’il était mort seul dans un asile. De belles réflexions sur la culture qui ne protége de rien, sur la culture élitiste française, contrairement à l’Italienne, sur l’acte d’écrire (isolée pour Nizon, dans des endroits peuplés pour Pajak), sur Corot et Van Gogh. Lecture agréable et sans prétention.

 

 

Les livres de Pajak sont toujours un bonheur. Ce livre sur Van Gogh est surprenant, on apprend que Van Gogh n’a vendu qu’une toile de son vivant, qu’il a toujours été très perturbé et se disputait en permanence, que beaucoup de ses tableaux furent effacés par d’autres peintres et qu’il mourrut à 37 ans. Il écrivit à son frère: » Pour faire du bon travail, il faut bien manger, être bien logé, tirer son coup de temps en temps, fumer sa pipe et boire son café en paix ». Sa mort reste mystérieuse.

 

Relecture d’un incontournable des étudiants en sociologie. Le livre est célèbre par sa définition d’un fait social par le pouvoir de contrainte qu’il exerce ou est susceptible d’exercer sur les individus. Cette définition montre que la sociologie a un objet propre et peut etre constitutive d’une science. Pour Durkheim, la première règle sociologique est de « considérer les faits sociaux comme des choses ». C’est ainsi qu’il peut dépasser la réduction psychologique des états de la conscience.

 

Lauréat du prix Novembre, ce livre « Le poullailler métaphysique » paru chez mon actuel éditeur, relate les observations d’un professeur qui s’est installé à la campagne et a fait l’acquisition d’une basse cour. Cela sert de pretexte à des observations sur la vie des poules, parfois très droles, parfois profondes. J’ai appris qu’une poule pouvait couver des oeufs d’une autre poule et qu’un coq s’accouplait plus de 20 fois par jour. De belles observations sur les glaneurs. Le livre se dévore d’une traite.

 

Un fait divers portant sur l’assassinat au printemps 1964 d’un enfant de 11 ans. Le suspect fut condamné à la perpétuité et devient le plus ancien prisonnier français avant d’être libéré en 2005 et mourir 3 ans après. Mais l’histoire n’est pas simple et le meurtrier n’est pas forcement celui qui fut condamné. Au delà de l’investigation, c’est une plongée dans la France des années 60, une analyse de personnages étonnants, de la justice et des médias. Et un livre (748 pages quand même) superbement écrit.

Europe, pour le retour de la confiance

Europe, le retour de la confiance

 

La relation à l’Europe a toujours été complexe tant le décalage peut apparaître important entre un idéal civilisationnel promu par les pères fondateurs et une réalité européenne où ont longtemps prédominé les conceptions strictement économiques. Au moment où l’Europe célèbre le plus discrètement possible le 70ème anniversaire de sa première fondation, la création de la CECA par le traité de Paris, il est possible de s’interroger sur les écueils de communication qui restent à surmonter pour un renouveau de la confiance.

 

L’Europe distante, pas vraiment.

 

D’abord, il faut commencer par rectifier l’idée trop répandue que la confiance serait corrélée à la perception de la proximité. Depuis plus de quinze ans que les données existent, les citoyens européens déclarent avoir davantage confiance dans l’Union Européenne que dans leurs propres institutions. Au début de 2021, 49 % des Européens ont confiance dans l’Union Européenne contre seulement 36 % envers leur gouvernement.

 

Ensuite, loin de se dégrader, la relation de confiance tend à s’améliorer. Entre l’été 2019 et l’hiver 2020, les Européens sont 6 % de plus à faire confiance en l’Europe, ce qui représente le niveau le plus élevé depuis 2008. Alors que la méfiance envers les gouvernements nationaux augmentait de 4 points (2019-2020), celle envers l’Union Européenne baissait de 5 points.

 

Un indice de ce renouveau peut être trouvé dans le taux d’abstention aux élections européennes de 2019, le plus faible depuis 1994 avec un taux de participation en hausse de 8 % depuis la précédente élection de 2014 dans l’ensemble de l’Union Européenne et pour la France.

 

Des difficultés qui persistent.

 

Deux obstacles empêchent encore une dynamique de croissance, ceux-ci apparaissent d’autant plus importants qu’ils sont détectés depuis longtemps sans que de réelles perspectives de progrès n’apparaissent.

 

  • Le premier obstacle est celui du récit. L’idéal de paix originel n’est bien sûr pas à rejeter, mais il ne peut plus être à lui seul le moteur de l’unité et le passage en 1993 du Marché commun à l’Union Européenne n’a pu empêcher une perception fortement économique de l’action européenne. Les consultations citoyennes qui se sont déroulées en 2018, la conférence sur le futur de l’Europe qui a débuté le 9 mai 2021 et doit durer jusqu’au printemps 2022 montre que deux thèmes se dégagent pour ce nouveau récit ; l’environnement et les droits sociaux. Parce qu’elle est le continent en pointe dans la lutte contre le dérèglement climatique, parce que la moitié des dépenses de protection sociale dans le monde s’effectue pour les européens, ceux-ci perçoivent parfaitement ce qui les distingue, un accord pour le marché et le libéralisme mais à condition qu’il protège l’environnement et le droit des citoyens. C’est autour de l’idée d’une mondialisation civilisée, de la qualité de vie et du bien-être que le nouveau récit européen peut s’inscrire.

 

  • Le second obstacle, repéré déjà par Jacques Pilhan en 1993, est celui d’absence d’émetteur en matière de communication. Personne n’imagine une institution publique ou une collectivité territoriale sans une direction de la communication, c’est pourtant la réalité au niveau européen. Il existe bien sûr des directions de la communication disséminées au Conseil, à la Commission, au Parlement, mais le problème réside justement dans le cloisonnement organisationnel où chaque structure, et on ne peut leur reprocher, communique sur ses propres activités. Un vrai plan de communication pour l’Europe reste encore à construire.

 

Des avancées non négligeables.

 

Quatre facteurs plus récents permettent d’envisager une confiance durable. D’abord et pour la première fois, le titulaire en charge des affaires européennes semble s’être affranchi de la tutelle du ministère des affaires étrangères. Cela permet aux sujets européens d’être davantage visibles sur la scène médiatique française.

 

Ensuite, l’Union Européenne conditionne désormais les aides qu’elle peut octroyer au travers de ses fonds structurels à l’information des citoyens portant sur l’origine des financements et ainsi pour mieux faire connaître le rôle de l’Union Européenne dans les investissements territoriaux.

 

L’Union Européenne a également compris que pour retrouver la confiance, elle devait davantage communiquer sur les préoccupations quotidiennes de ses citoyens. Par ses directives sur la qualité de l’air – et la condamnation de la France à une amende de 10 millions d’Euros pour non-respect des normes européennes en août 2021 – , par ses initiatives pour promouvoir une consommation plus durable et des produits plus réparables, l’Europe démontre sa capacité d’écoute du quotidien et rompt ainsi avec l’image qu’elle a pu avoir après la crise des subprimes en 2008 et le reproche de privilégier la sauvegarde des grands intérêts financiers.

 

Enfin, et sans qu’il soit possible d’en mesurer précisément l’impact, il est vraisemblable que le Brexit, en ce qu’il aura révélé des conséquences négatives de sortie de l’Union pour un Etat, en ce qu’il aura discrédité la parole eurosceptique et le processus de désinformation au cœur de son discours, aura durablement stoppé le mouvement de défiance populiste envers de l’Union Européenne.

La France aura un rôle particulier au 1er semestre 2022 puisqu’elle présidera l’Union Européenne. Autour d’un triptyque de communication « Relance, puissance, appartenance », trois axes thématiques ont été annoncés, les droits sociaux, le numérique et la lutte contre le dérèglement climatique. La Présidence française peut se révéler un excellent levier pour promouvoir une conception d’une Europe adaptée aux nouveaux enjeux. Le départ d’Angela Merkel qui aura profondément marqué l’Europe conjugué au retrait de la Grande Bretagne de l’UE, offre une opportunité historique à la France pour reprendre un leadership européen. Il faudra pour cela que les enjeux électoraux français liés à l’élection présidentielle n’empiètent pas sur les questions de la relance européenne.

 

Article paru dans la revue « Parole Publique », revue de l’association Communication publique. N°28. Novembre 2021.

a quoi servent les COP?

Interview mardi 9 novembre 2021 dans le quotidien belge « Le Soir » à propos de la COP de Glasgow.

Thierry Libaert est membre du comité scientifique de la Fondation Hulot et conseiller auprès du Conseil économique et social européen. Il est également collaborateur scientifique au Earth and Life Institute (UCLouvain).

Au vu des maigres résultats engrangés, on peut avoir le sentiment que les COP ne servent à rien ou presque. Ces grands-messes ne feraient qu’amplifier « les 30 ans de bla-bla » que dénonçait en septembre dernier l’activiste suédoise Greta Thunberg. Qu’en pensez-vous ?

On peut avoir cette impression, mais on voit mal aujourd’hui comment on pourrait se passer des COP. Cela, bien qu’en dehors de la COP21 qui a mené à l’Accord de Paris, les résultats aient été effectivement maigres et les échecs nombreux. Une autre critique consiste à rappeler qu’aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect d’un engagement par un Etat. Il y a donc un problème de crédibilité quant à la validité de ces engagements. Mais au bout du compte, il serait désastreux aujourd’hui de mettre les COP à l’arrêt.

La critique est trop sévère ?

Lors de la COP15 à Copenhague en 2009 et qui a abouti à l’accord visant à ne pas dépasser une augmentation moyenne de 2oC en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, j’avais interrogé plusieurs climatologues. On parlait alors d’échec car l’espoir avait été grand de limiter cette hausse non pas à 2oC, mais à 1,5o C. Reste que c’est tout de même la première fois que l’on s’est mis d’accord sur un objectif au niveau mondial.

Les COP se vendent mal auprès de l’opinion ?

Il est toujours un peu difficile de comprendre ce qui se passe à l’intérieur de ces négociations. Ma spécialité est la communication et j’observe le tort que font ces grands-messes en déresponsabilisant les populations. En assistant à leur déroulement, le citoyen se persuade que le climat n’est qu’un jeu de pouvoir entre les très grandes puissances. Il se demande donc ce que pèse encore la COP26 dès lors qu’après le Russe Vladimir Poutine et le Chinois Xi Jinping, le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan décide à son tour de sécher la réunion de Glasgow. L’idée que le problème du climat est celui des grandes puissances, que la situation ne peut se régler qu’avec leur aval et à la condition de l’unanimité, déresponsabilise le citoyen et le consommateur.

Il faut donc que les COP s’adressent autrement à la population ?

Ça m’énerve toujours un peu d’entendre parler de carbone et de neutralité carbone. Ce n’est pas en faisant du dérèglement climatique uniquement une histoire de gaz à effet de serre que l’on peut arriver à mobiliser la population. Il faut lui donner l’espoir et l’envie d’agir. Faire de la neutralité carbone l’objectif central de l’humanité de demain ne peut suffire. Mes références à moi sont la fondation de l’Europe, le discours de Martin Luther King, etc. Soit des actes et des moments qui donnent l’envie d’agir. Il faut éviter d’êtretechnique, incantatoire et moralisateur. Heureusement que la société civile est là pour médiatiser la question climatique de manière autre dans les différents territoires nationaux.

Les COP doivent-elles évoluer dans leur fonctionnement ? Avec un brin d’utopie, peut-on envisager à terme une gouvernance climatique mondiale ?

Il n’est pas interdit d’y penser (rires). Mais sans en arriver là, quand il y a une volonté d’aller de l’avant, beaucoup de choses peuvent être réalisées. Je prends pour témoin la manière dont la destruction de la couche d’ozone a été combattue à partir des années 90. Des moyens de substitution aux gaz destructeurs de la couche d’ozone ont été rapidement trouvés dans les chaînes de réfrigération et les aérosols. Des technologies existantes ont pu être implémentées dans les chaînes économiques. Donc être acceptables au niveau politique.

Publicité et Transition écologique, ça bouge en Europe

Présentation de l’avis Publicité en plénière

Les débats sur le rôle de la publicité dans la lutte contre le dérèglement climatique ont été nombreux et souvent conflictuels en France. Ce sont les débats de la Convention Citoyenne sur le Climat qui ont réellement amené le sujet sur la place publique en 2020, même si plusieurs rapports après celui de la Fondation Nicolas Hulot en 2017 avaient amorcé les discussions. Rapport FNH 2017

 

J’ai voulu au début de cette année que l’Union Européenne se saisisse de la question, parce que la communication publicitaire ne connaît pas de frontières, parce qu’il est peu pertinent d’imposer des régulations fortes dans un pays alors que les autres états n’auraient aucun dispositif de contrôle, il me semblait important d’élargir le débat national. Mon principal objectif était que la filière de la communication publicitaire en Europe s’engage résolument vers l’objectif de neutralité carbone.

 

Au Comité Economique et Social Européen, notre travail est organisé principalement en réponse aux demandes des Institutions européennes, mais nous pouvons aussi nous autosaisir. J’ai ainsi proposé un avis d’initiative à la fin de l’année dernière à la section Marché Intérieur de mon Comité. Cette demande ayant été acceptée, un groupe de travail s’est constitué et nous avons procédé à une audition le 21 juin 2021,

la première audition publique européenne sur le sujet. Deux réunions du groupe de travail se sont déroulées et après un vote en section, mon avis a été voté en session plénière le 20 octobre 2021.

 

Discussion en plénière.

Voici les leçons que j’en tire :

 

  • D’abord, et c’est le plus important, un consensus est possible. Le fait que mon avis ait été voté à l’unanimité sans aucune voix contre indique que toutes les composantes de la société civile organisée sont capables de s’accorder sur un texte. Certes, cet avis ne comporte aucune mesure réellement saillante ou novatrice, mais l’essentiel était de créer le débat au niveau européen.

 

  • Les débats qui se sont déroulés lors de la présentation de mon avis ont été très encourageants. Toutes les prises de parole des représentants des entreprises, des organisations syndicales, des associations de consommateurs, ont bien montré qu’une prise de conscience sur le rôle de la publicité avait été effectuée. Qu’il ne s’agissait pas de la combattre par principe, mais de la faire évoluer dans sa régulation, dans ses méthodes, ses outils, ses représentations pour qu’elle ne soit pas un obstacle à la lutte contre le dérèglement climatique, et pourquoi pas un levier.

 

  • Le consensus parfait obtenu nous permet aujourd’hui d’aller plus loin et d’ouvrir plus facilement les portes de la Commission européenne et du Parlement européen. La dynamique est lancée et le 16 décembre, la catégorie Consommateurs et Environnement que je co-préside avec un collègue espagnol s’attaquera aux allégations environnementales trompeuses.

 

Au final, une belle étape qui m’a rappelé mon premier avis voté dans cette instance en 2013 sur l’obsolescence programmée. L’Europe est souvent très lente à se mettre en ordre de marche sur des sujets novateurs, mais une fois la dynamique lancée, elle sait se montrer efficace. Voici un nouveau motif d’espoir.

Que lire pendant les vacances?

Fin 2020, j’ai pris 2 résolutions: d’abord de ne pas écrire de nouveau livre cette année (une premiere depuis 30 ans) et de ne plus, ou presque, lire des nouveautés, mais plutot redécouvrir ma bibliothèque.

Je me suis aperçu que le fait de ne pas écrire un nouveau livre me permettait aussi de ne plus ouvrir de livre avec l’idée de m’en servir pour mon projet en cours, bref de retrouver une certaine liberté de papilloner dans les lectures.  Le résultat de ce 1er semestre est un peu disparate, j’espère que vous pourrez y trouver au moins une idée de lecture.

 

Le pouvoir du moment présent. Eckhart Tolle. j’avais vu dans une itw de Nicolas Hulot qu’il disait que ce livre l’avais beaucoup influencé. le livre paru en 1997 traite de l’instant présent, de la paix interieure et du lacher prise. J’ai toutefois moyennement accroché. J’ai bien aimé la phrase: « J’ai vécu avec plusieurs maîtres zen, c’étaient tous des chats ». Un des thèmes du livre est qu’il faut commencer par se transformer soit même avant de vouloir changer le monde.

Première lecture d’un Maigret. Ce livre qui s’appelle « La 1ere enquête » est en fait le 30ème de la série des Maigret. J’étais interessé par la faculté d’écriture de Simenon et ses 192 romans, dont 75 Maigret. J’ai appris sur la notice que Simenon était le 4eme auteur francophone le plus traduit dans le monde, je ne sais pas qui sont les 4 premiers. Sinon, c’est un bon moment de lecture, sans plus pour moi. Je lirais quand même le 2eme volume acheté avec le lancement de cette collection.
Poussières d’Etoiles est un livre de l’astrophysicien Hubert Reeves paru en 1984. Dans cette édition de 2009 figurent de nombreuses et superbes photos de l’espace. J’ai surtout appris les immenses mystères restant sur la naissance de notre univers (le fameux big bang) il y a 14 milliards d’années et le rôle des trous noirs. La question que suggère Hubert Reeves est: Pourquoi alors que la vie sur Terre résulte d’un quasi miracle, l’homme s’obstine t’il à la dégrader?
La vie révée du joueur d’échecs. De l’auteur, j’avais beaucoup aimé son « Petit traité de désinvolture » en 2002. Il nous parle ici de sa passion pour le jeu d’échecs. C’est souvent bien vu comme le scène où le perdant d’un match cherche désespérément à prouver son vainqueur que seule une bourde due à une étourderie passagère à pu le faire perdre. il met en evidence le paradoxe d’un jeu ultra logique et les joueurs qu’il a pu rencontrer « à la raison décollée du réel ». Une très bonne lecture malgré qques disgressions étranges.
Le Dieu venu du Centaure. Philip K Dick. J’avais adoré ce livre étant ado, les dickiens le considèrent comme un chef d’oeuvre. Et bizarre, je n’ai pas du tout acroché à cette relecture bien des années après. Je l’ai relu me souvenant du vague fond de réchauffement climatique (le livre a été écrit en 1964) et la nécessité d’aller sur Mars: « processus désormais inexorable de transformation de la Terre en un vaste désert brulé » (P 161). Un peu déçu donc même si on retrouve les belles idées de Dick (les précogs) et sa formidable culture.
Marketing, les illusions perdues. Réédition mise à jour d’un ouvrage de 2015 par Florence Touzé qui enseigne à Audencia à Nantes. Le livre a le grand mérite de s’interroger sur la responsabilité du Marketing alors qu’en matière de responsabilité, on a plutôt tendance à se focaliser sur les enjeux de communication. Un thème important du livre est celui de l’implication du consommateur, historiquement vérifié plutôt pour des produits chers. F Touzé met l’accent sur le fait que la marque ne se réduit plus à une approche marketing.
Europe, le défi culturel. Ecrit en 1990 par Jean Marie Domenach, ex directeur de la revue Esprit. Il est toujours interessant de plonger dans d’anciennes réflexions, ici sur l’Europe qui s’était encore peu élargie. La reflexion sur l’importance de la culture comme ciment de l’Europe conserve toute sa pertinence. Je ne connaissais pas la phrase de Nicolas Grimaldi « La crise n’est pas une mesaventure de l’esprit européen, elle est son essence même ». L’Europe sera la convergence de ses cultures et non leur amalgame.
Insoutenable paradis. Paru en Juillet 2020, écrit par un spécialiste en marketing préférant se nommer analyste culturel, ce livre est une interrogation écrite à la premiere personne sur les contradictions entre nos espoirs écologiques et la réalité de nos comportements. Le livre tire beaucoup de sa susbtance des rencontres de l’auteur sur son podcast et une grande sincérité émane des propos. L’absence de toute réference et l’abus de renvoi à son podcast en auto promo m’a un peu géné mais le livre pose les bonnes questions.
L’administration de la peur. J’avais lu ce livre avec plaisir à sa sortie en 2010. Moins à la relecture 2021. Sous forme d’interview, ce petit livre (94 pages) traite du rôle politique de la peur et, thème majeur chez Virilio, celui de l’accélération du temps. La pandémie apporte une actualité lorsqu’il dénonce l’idéologie sécuritaire et sanitaire. « La maitrise du pouvoir est liée à celle de la vitesse », « nous sommes passés du crépuscule des dieux au crépuscule des lieux », on passe « de l’hyperaction à l’hyperinteraction ».
Mon grain de sable. Un petit livre (94 pages) assez fantastique. Luciano Bolis était un chef de la resistance italienne durant la dernière guerre. Il raconte son arrestation et les tortures qu’il a subi. Il n’a jamais parlé et doit sa survie à sa tentative de suicide qui l’a amené dans un hopital où il fut évadé. Il interroge sur le fort qui cède et le faible qui résiste jusque la mort, il interroge aussi sur la férocité humaine et cela dans un langage d’une stupéfiante sobriété.L’auteur vécu ensuite jusque 1993.
L’imprécateur. Ex-consultant chez Publicis, l’auteur donne ici (1974) une vision de la vie dans les grandes entreprises internationales. Des textes anonymes circulants, des fissures sur les murs, donnent le contexte pour décrire des relations humaines de plus en plus sordides derriere une apparence policée: »Le rappel d’une politique de libre expression traduisait plus un usage discursif, un procédé verbal, qu’une réalité ». Pour l’auteur, la vie du monde ressemble de plus en plus au management d’une entreprise.
Impressions et lignes claires. Un livre étrange, où on chercherait la moindre info inconnue et les indiscrétions, mais bizarrement ce témoignage distancié est un vrai plaisir de lecture. le style est excellent et les bons mots omniprésents. Plaisir de lire que leur série TV préférée est The West Wing (le sommet). Seule critique pour N Hulot qui aurait été bon « s’il avait réussi à maitriser son ministère » ( P 107). Seule découverte négative: l’opposition à la convention citoyenne sur le Climat: il ne faut jamais s’en remettre au sort.
Les idées modernes aux échecs. Ecrit en 1922 c’est un classique de la littérature échiquenne. Le livre explique l’évolution des idées d’abord basé sur les combinaisons, puis les principes généraux, puis les idées modernes. J’ai été étonné par les commentaires: chez un joueur autrichien, on trouve la finesse de la musique de Vienne. un autre joueur tient davantage du prêtre que du virtuose. Le plus surprenant a été de jouer des parties avec mon ordi et de constater que beaucoup de conseils étaient totalement inadaptés.
Naissance de l’écologie. L’ouvrage (2018-360 pages), toujours très précis, montre que l’écologie a demarré avec l’hygiènisme et la salubrité publique, que le mouvement a traversé tous les courants politiques, que le 1er sujet d’inquietude était la déforestation et que les premières zones protégées (forêt de Fontainebleau) l’ont été pour des motifs plus artistiques qu’environnementaux. On voit aussi que depuis le 1er congrés sur la protection de la nature qui s’est tenu à Paris en 1923, le chemin n’est pas très rapide. Une critique plus approfondie est sur une autre page de ce site.
La cible. Sandro Gozzi est ex secretaire d’Etat aux affaires européennes en Italie et a été élu au Parlement européen sur la liste française Renaissance. Il raconte dans ce livre court (116 pages) qu’un élu étranger a bien du mal à se faire respecter lorsqu’il se fait élire dans un autre Etat. Parfait connaisseur de l’Union européenne, il estime qu’elle court le triple danger de l’immobilisme, du nationalisme et de la myopie. Selon lui, le vaccin contre le virus du populisme, c’est une Europe puissante.
La permaentreprise. J’étais un peu sceptique sur ce livre, peut-être en raison du titre. C’est plutôt une belle découverte. Le livre part d’une experience concrète; celle de l’entreprise Norsys que dirige Sylvain Breuzard (par ailleurs Président de Greenpeace). C’est agréable à lire en raison de multiples schémas, tableaux et tout se presente de manière progressive. Pour l’entreprise, une réflexion sur 23 objectifs à atteindre avec les indicateurs associés. A titre personnel, j’ai découvert les questions Ikigaï et c’est plutôt pas mal.
L’homme aux semelles de vent. J’ai relu ce livre daté de 1977 après avoir appris la mort de l’auteur, Michel Le Bris, fondateur du festival des étonnants voyageurs de Saint Malo, début 2021. Le titre fait référence à Rimbaud, nommé ainsi par Verlaine. Le livre a vieilli, notamment toutes les réflexions sur l’état hégélien ou marxiste. Le début est excellent avec une description des 1ers touristes arrivant en Bretagne il y a une cinquantaine d’années. Le livre est une invitation au voyage, au jazz, au blues et à relire Mme de Staël.
2 ou 3 choses que je sais de la liberté. Si vous demandez qqchose à quelqu’un, ajoutez à la fin « bien sur, vous êtes libre d’accepter ou non » et vous avez plus de chances d’obtenir une réponse positive. Psycholoque social, Jean-Léon Beauvois expose ses idées sous la forme d’un entretien avec sa fille. La thèse principale est qu’on trouve toujours en soi les raisons de nos actes même si nous n’avons fait qu’obéir. Nous agissons puis tachons de rationaliser nos actes, de leurs donner un sens. Le livre date de 2013. 126 p. Je conseille.
Pourquoi nous travaillons. Jean Fourastié était un auteur incontournable en science éco dans les années 70. Ce livre écrit en 1959 (réédité en 76) est étrange à relire de nos jours. Pour l’auteur, le progrès résultait d’abord de la science économique qui savait si bien réguler l’économie, raison pour laquelle elle a pris une place dominante, mais c’était bien avant les crises. « Grâce à la science éco, on approche le plein emploi » (Page 21). J’ai appris qu’en 1800, on bossait 220 000h dans la vie, contre 96 000 en 1970.
Le biais comportementaliste. Ecrit par six chercheurs à Sciences-Po, ce petit livre (120 pages) entend discuter les démarches de nudge. Pour les auteurs, le nudge a un effet limité dans le temps et dans ses conséquences, et ses promoteurs ne communiquent jamais sur leurs échecs. Ne prenant pas en compte les ressorts collectifs des comportements individuels, le nudge ne peut être réellement efficace. S’il fait un peu règlement de comptes entre universitaires, ce livre présente une analyse critique du phénomène.
La gauche en France. Je savais que la distinction gauche-droite venait d’un placement dans l’hémicycle, j’ai appris que cela remontait à un vote sur le pouvoir du roi à l’Assemblée Nationale le 11 septembre 1789. Un rappel à la citation d’Alain qui disait que ceux qui remettaient en cause la distinction droite-gauche ne pouvaint pas etre des homme de gauche. Le livre retrace l’histoire de la gauche jusque 1975, date de publication. Je ne me souvenais pas que la Commune avait été un tel massacre. Une bonne révision.
Economie comportementale des politiques publiques. Un excellent petit livre, assez technique, rédigé par 3 professeurs d’économie. J’ai appris que, constatant que les parents venaient souvent en retard récuperer leurs enfants à la crèche, celle ci a mis en place des pénalités. Et cela a conduit à un doublement des cas de retard, les parents voyant l’amende comme une tarification d’un service nouveau(!). Le livre explore le nudge en santé, en environnement, en choix d’épargne et sur le marché du travail. Très clair, pédagogique et documenté. (2021)
 Je relis aussi ma collection de Corto Maltese est c’est toujours aussi super, avec une préference pour l’instant aux Ethiopiques.
Et je suis preneur de vos conseils de lecture ;-)

L’écologie, c’était comment avant?

Caroline Ford, Naissance de l’écologie

 

Rédigé par une historienne américaine et paru en 2018, ce livre raconte la naissance de l’écologie et son évolution entre 1800 et 1930.

L’ouvrage (360 pages) est très détaillé et comprend une cinquantaine de pages de références.

Si le mot « écologie » et sa définition par Ernst Haeckel datent de 1866, l’ouvrage montre que la préoccupation environnementale était antérieure. Celle-ci a beaucoup évolué à travers les âges et l’auteur observe que si le terme d’environnement est vraiment apparu en 1922 dans le cadre de la géographie humaine, il ne s’est popularisé que dans les années 1970.

L’une des premières institutions à gérer l’environnement en France fut le Conseil de salubrité publique du département de la Seine, créé le 7 juillet 1802, et cela traduit les préoccupations originelles liées à l’hygiène et aux conséquences de l’urbanisation sur la santé.

En 1810 paraît le premier décret régulant le fonctionnement des établissements « dangereux, insalubres ou incommodants ».

 

Parmi les dates majeures, on peut citer :

  • 1845 : création de la Société Protectrice des Animaux
  • 1861 : une partie de la forêt de Fontainebleau est classée réserve artistique
  • 1901 : création de la Société pour la protection du paysage
  • 1909 : le premier congrès dédié à la protection des paysages
  • 1912 : création de la Ligue française pour la protection des oiseaux.
  • 1913 : premier parc national français, créé dans les Alpes
  • 1923 : le premier congrès international sur la protection de la nature

  J’ai appris le nom de François Antoine Rauch (1762 – 1837) qui peut être considéré comme le père de la pensée écologique française et de la recherche de l’harmonie de la nature. Il est d’ailleurs étonnant de constater qu’il écrivit en 1805 qu’elle était en déclin « par mille siècles de mutilations et d’outrages ».

Rauch était aussi un bon communicant cherchant à sensibiliser la population en organisant des festivals consacrés à célébrer les vallées, les lacs et les rivières ou à planter des arbres. Bien avant le rapport Brundtland, il prenait à témoin les générations futures : « Si nous laissons éteindre avec nous les règnes de la nature, nous verrons les générations qui doivent nous succéder verser sur nos tombes les larmes de la malédiction et du désespoir ».

 

Le premier combat environnemental a porté sur la déforestation, il fut porté notamment par le baron Rougier de la Bergerie, préfet de l’Yonne puis de la Nièvre qui fustigeait « la main dévastatrice de l’homme, dégradant partout le sol par les défrichements funestes et inconsidérés ». Moreau de Jonnès obtint lui en 1825 la médaille d’or de l’ Académie Royale pour un texte dans lequel il expliquait que la déforestation avait un effet majeur sur la qualité de l’air ainsi que sur les précipitations. Président du département des sciences physiques du Muséum d’histoire naturelle, Antoine Becquerel, qui devint membre de l’Académie des Sciences en 1853, publia son premier travail sur l’influence des forêts sur le climat. Il suggérait également que la déforestation favorisait les crues et donc les inondations. Les travaux sur l’incidence de la déforestation sur les inondations furent ensuite développés par l’américain George Perkins Marsh qui écrivit en 1864 le livre The earth as modified by human action, bien avant la conceptualisation de l’anthropocène donc.

 

  Au début du siècle, le sujet de la protection du paysage apparut plus fortement, moins lié des préoccupations purement esthétiques et l’un des fondateurs de la Société pour la protection des paysages nouvellement créée, Henri Cazalis, attire l’attention sur la dégradation des paysages naturels en raison des nouvelles pratiques commerciales, notamment « la mise en place de panneaux publicitaires » (1902).

J’ai également appris que le verdissement à Paris s’était réalisé pendant une courte période, essentiellement grâce à l’ingénieur Adolphe Alphand et à Jean-Pierre Barillet, jardinier en chef de la de la capitale. Ce sont eux qui créèrent les jardins du Trocadéro, le parc Montsouris, Monceau, le bois de Boulogne et le bois de Vincennes. En 1850, Paris comptait une vingtaine d’hectares naturels, en 1878, la ville en contenait deux mille.

Le livre se termine par une ouverture à la période d’émergence de l’écologie. L’auteur, Caroline Ford, situe le combat pour la protection du massif de la Vanoise en 1969 comme « un tournant majeur ». Il amena le Président de la République de l’époque, Georges Pompidou, à retirer l’agrément que son gouvernement avait donné à un promoteur immobilier et à se déclarer comme un défenseur de l’environnement, ce qu’il concrétise en 1971 par la création d’un ministère de l’environnement dans son gouvernement.

 

Au final, un livre dont je conseille la lecture pour mieux connaître l’évolution de la pensée environnementale, les liens historiques avec la santé, avec l’esthétique, la focalisation initiale sur la forêt et la compréhension immédiate des liens avec le climat et les inondations.

Publicité et écologie : on progresse ou non ?

Publicité, projets de loi climat, où en sommes nous vraiment? 

 

 Six observations sur le projet de loi Climat et résilience, dans ses aspects Publicité.

 

1. Des ONG absentes.

Ce fut ma première surprise. Alors qu’elles avaient ici l’occasion de renouveler leur combat, la plupart des ONG environnementales se sont concentrées sur quelques sujets plus traditionnels comme la rénovation énergétique, les nouvelles obligations pour les entreprises ou la mobilité durable. Le sujet du rôle de la publicité était relativement nouveau, il passe au second plan des arguments. Les salariés en ONG étant répartis par pôle en domaine de compétences (alimentation, biodiversité, climat, …), peu de militants étaient réellement en mesure de porter leurs voix sur un thème nouveau.

 

2. La filière a su réagir immédiatement.

Alors que celle-ci peut apparaître divisée et parfois en concurrence interne, les acteurs de la publicité ont su s’organiser pour répondre aux menaces qui pesaient sur leur activité. A coup d’opérations événementielles, à l’exemple des Etats Généraux de la communication, de prises d’engagements publics, de tribunes rédactionnelles, d’insertions publicitaires et surtout d’un lobbying particulièrement efficace, la profession a su réagir.

D’aucuns pourront toujours s’en désoler, mais on ne peut que reconnaître leur efficacité. 

 

 

 

3. Un résultat qui se profile là où on ne l’attendait pas.

Si le projet de loi est en lui-même très timide sur le volet publicité, les engagements sont loin d’être négligeables, sur la réforme de la régulation, du développement du pro bono, des nouvelles formes de représentations, on sent qu’une dynamique est lancée.

La seule crainte réside dans le caractère encore très vague de la plupart de ces engagements et donc de leur viabilité une fois terminés les débats au Parlement. L’occasion de remarquer les engagements pris le 2 mars 2021 par l’Union de la Publicité Extérieure qui m’apparaissent concrets, précis, dotés d’indicateurs et d’échéances. Il manque juste un comité de contrôle avec des personnalités extérieures indépendantes, mais j’ai bon espoir.

 

4. Du bon usage du bouc émissaire.

  Dans le rapport remis en juin 2020 au ministre de la transition écologique, j’avais intégré parmi les propositions la suppression des banderoles publicitaires tractées par des avions tout en écrivant : « aucun de nos interlocuteurs n’a émis cette recommandation et la pratique ne suscite pas de véritable rejet » (p. 59).

Au final, la seule mesure d’interdiction si l’on excepte celle portant sur la publicité des énergies fossiles, très anecdotique au demeurant, concerne cette interdiction des banderoles aériennes (article 8).

J’ai presque envie de demander pardon aux PME concernées dont la principale activité était de renseigner les touristes sur l’existence d’un supermarché ou d’une discothèque à proximité de leur station balnéaire.

 

  1. Un ministère de l’écologie très discret. 

Ayant eu l’expérience de travailler au cabinet d’un précédent ministre de l’environnement, je ne voudrais jeter la pierre à personne, d’autant qu’individuellement les personnes en place me semblent très méritoires. Il n’empêche. J’ai le sentiment que le gouvernement n’a pas cherché à construire une vraie feuille de route pour la publicité, mais s’est placé immédiatement dans une posture défensive vis-à-vis des propositions de la Convention Citoyenne. Cela a positionné le débat dans une approche de court terme, très politique et sans réelle prise en compte de l’ensemble des réflexions menées.

 

  1. Une filière communication peu ouverte.

Le sujet de la publicité est très conflictuel. Pourtant les compétences ne manquent pas, même – et surtout – chez les plus radicaux des anti-publicitaires, il y a une formidable réflexion appuyée sur des connaissances solides. Je ne comprends pas qu’à ce jour, aucune rencontre n’ait encore pu avoir lieu entre ONG environnementales, associations de consommateurs et professionnels de la publicité. Certes, cela ne déboucherait peut-être sur rien, mais il me semble que ne serait-ce qu’une journée d’échanges, calquée sur ce que nous avions expérimenté lors du Grenelle de l’environnement serait une occasion à saisir. La confrontation est consubstantielle à la communication, autant que les professionnels l’acceptent.