Articles

L’Europe de l’environnement, ce que disent les citoyens


L’Europe de l’environnement, ce que disent les citoyens

Du 17 avril au 31 octobre 2018, des consultations citoyennes se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national. 70 000 citoyens ont participé à 1 082 consultations et le thème de l’environnement est apparu parmi les plus fréquents et comme celui qui a suscité le plus de propositions.

 

I. L’environnement comme nouvel ordre européen

La protection de l’environnement est conçue comme un pilier central d’une nouvelle dynamique européenne et l’Europe porte une responsabilité particulière par rapport au reste du monde. A l’heure où beaucoup considèrent que le récit fondateur « L’Europe, c’est la paix » doit être renouvelé, beaucoup de citoyens proposent de « lier le rêve européen au rêve écologique » pour redonner du sens aux espoirs européens. L’Europe doit donc se positionner en leader mondial sur les grands enjeux environnementaux.

L’Europe doit commencer par donner plus de lisibilité à sa politique environnementale et mieux faire respecter ses normes par la création d’une police environnementale européenne.

La question du financement a été posée et l’idée d’un plan d’urgence écologique européen séduit de nombreux participants. La fiscalité doit être davantage incitative. Il faut inciter par un crédit d’impôt au développement d’équipements sobres en énergie et taxer les produits non efficients pour subventionner la fabrication de produits plus respectueux de l’environnement.

La Banque Européenne d’Investissement devrait se transformer en Banque Européenne de Développement Durable ou devrait inclure une filiale spécifique dédiée au financement de la transition énergétique et proposer une offre de crédit à taux zéro pour les projets de transition. L’Europe de l’environnement, c’est aussi l’Europe de la recherche, l’Europe doit donc relancer de grands projets de recherche en lien avec les enjeux climatiques et environnementaux.

 

II. Des propositions multiples

Les citoyens ont un très grand nombre de propositions à suggérer. Six grands thèmes ont pu être dégagés.

  • Le changement des modes production
    Les entreprises sont ici directement interpellées sous le postulat que les obligations pour éco-concevoir et augmenter la durée de vie des produits sont insuffisantes. Trois grands sujets ont émergé : l’obsolescence programmée, les plastiques et les produits toxiques.L’Union Européenne doit, à horizon 2050, « fossiliser les énergies fossiles ».Le développement des énergies renouvelables en Europe est plébiscité et il est proposé de réallouer les taxes sur les énergies fossiles à la production d’énergies vertes. L’Europe devrait promouvoir une compagnie européenne d’électricité verte qui serait, sur le modèle d’Ariane, un champion européen de la transition énergétique.
  • L’évolution des modes de consommation
    La commercialisation des produits durables apparaît négligeable et les participants déclarent qu’ils réorienteraient leurs achats s’ils étaient mieux informés ou si les produits durables étaient moins chers ; c’est le cas également avec les produits bio, considérés comme trop chers.
    Il faudrait renforcer les systèmes de contrôle et de sanction et imposer aux produits non européens des standards de meilleure qualité.
  • La préservation des ressources
    Si le terme d’économie circulaire est peu apparu, la nécessité d’une limitation des prélèvements de matières premières, comme celui d’une meilleure gestion des déchets, a été clairement identifiée.
    Il faut contraindre les entreprises à l’éco-conception et au recyclage, rendre obligatoire celui-ci, contraindre les e-commerçants à la reprise des emballages, accorder des bonus aux industriels qui utilisent des produits recyclés, développer un véritable marché intérieur du recyclage.Le gaspillage alimentaire est également apparu et il faudrait davantage impliquer les cantines scolaires et les magasins d’alimentation. Une obligation pour les supermarchés de faire don de leurs invendus est proposée alternativement à l’idée d’une taxe sur le gaspillage alimentaire. Dans le domaine alimentaire, il a également été proposé la mise en place d’une étiquette indiquant le nombre de kilomètres parcourus par le produit.
  • La limitation des pollutions
    Urbanisme et transport ont été fortement développés. En matière d’éco-construction, les propositions suivantes ont été émises : imposer un urbanisme écologique, créer un label des villes européennes durables, obliger les entreprises du BTP à travailler avec les entreprises de recyclage, améliorer le financement des éco-quartiers.L’éco-mobilité recueille des nombreuses proposions ; il faudrait un plan vélo européen, proposer des bornes de recharge électrique tous les 50-80 kilomètres, créer une journée européenne sans voiture, favoriser le co-voiturage, réduire le transport des marchandises par camion au sein de l’Europe, généraliser le parking à l’extérieur des villes.
  • La protection des éco-systèmes
    Sur ce point, le souhait d’une politique commune de protection des sols est apparu en lien avec la plantation d’arbres. Des demandes de mesures de protection du littoral et de la biodiversité ont été effectuées et sur ce point, par un développement des réserves naturelles et la protection des abeilles.
  • Le climat
    Bizarrement, le thème du réchauffement climatique a été peu abordé, vraisemblablement car il est apparu transverse à de nombreuses politiques. En dehors du développement de la recherche, la plupart des propositions se sont focalisée sur des mesures fiscales, même si celles-ci ont pu faire débat, d’autres participants jugeant ces propositions trop punitives.

Au final, plusieurs observations peuvent être présentées

D’abord, si le sujet environnement a été un des trois thèmes les plus traités lors de ces consultations citoyennes, très peu de propositions ont réellement l’Europe comme cadre territorial. Ensuite, beaucoup de propositions apparaissent consensuelles en dehors de celles touchant la fiscalité. En outre, l’ensemble des débats donne l’impression que le sujet environnement en Europe s’avère évident, qu’il serait un motif de fierté et de reconnaissance de citoyenneté européenne, qu’il demanderait toutefois à être mieux communiqué pour donner plus de visibilité aux actions déjà conduites.

Reste à savoir enfin si les citoyens européens sont prêts aux efforts qui seraient requis par la mise en œuvre des propositions qu’ils suggèrent eux-mêmes.

Réaffirmer les valeurs de l’Europe

Les 22 et 23 novembre, se sont déroulés à Athènes d’excellents échanges autour de la réaffirmation des valeurs européennes, à l’aube des élections européennes.

Parmi les interventions marquantes, je retiens celles de :

  • Paola Guisado, journaliste à El Mundo, évoquait les bénéfices apportés par la mise en commun des médias européens de leurs moyens d’investigations, à l’exemple des Malta Papers ou des football leaks. Elle regrettait que les hommes politiques s’adressent peu aux jeunes, certainement parce qu’ils pèsent de moins en moins dans les élections.

 

  • Andrej Zaslove, professeur de Sciences Politiques aux Pays-Bas, soulignait le caractère trompeur de l’appellation « populisme » en observant : « Il n’y a rien de moins proche du peuple qu’un populiste arrivé au pouvoir». Il souligne que les partis politiques traditionnels ont eu le tort de n’avoir pas pris suffisamment les populistes au sérieux. Un participant faisait remarquer qu’il ne fallait pas les réduire à des personnes peu instruites ou à des ouvriers. Sur ce point, Sarantis Michalopoulos, journaliste à Euractiv, insistait sur la nécessaire distinction entre eurosceptiques et anti-européens.

 

  • Sébastien Maillard, le directeur de l’Institut Jacques Delors, dont j’ai pu faire la connaissance, a déclaré qu’il ne fallait pas tomber dans le piège inverse de fétichiser l’Europe, celle-ci représentant un moyen, pas une fin en soi. Il faut accepter la diversité des approches sur l’Europe et notamment celle des conservateurs. Les progressistes n’ont pas le monopole de la définition des valeurs européennes. Il a observé que loin d’avoir entraîné un effet domino, le Brexit a freiné les ardeurs des pays qui pouvaient envisager de sortir de l’Union Européenne. Si les progressistes utilisent autant l’argument des migrants, c’est parce que celui de la sortie de l’Union Européenne est apparu inopérant. Il pense que l’idée d’un deuxième référendum en Angleterre serait une mauvaise chose « Comme dans un mariage, on doit savoir qu’un divorce est toujours possible».

 

  • Jolanta Kurska, présidente de la Fondation Bronislaw Geremek, a fait forte impression en racontant comment grâce à la société civile et aux pressions de l’Union Européenne (et une plainte devant la Cour de Justice Européenne) le gouvernement polonais a décidé de retirer, il y a quelques jours, son projet de loi de mainmise sur le système judiciaire. Une victoire sur les libertés fondamentales permise par les ONG de la société civile européenne.

 

Comite economique et social europeen

Vote sur les Objectifs de Développement Durable

Vote mercredi 19 septembre 2018 en session plénière de mon avis sur les ODD. Il a été voté par 194 voix pour, 2 contre et 3 abstentions, ce qui est un excellent signe. Mes 2 idées majeures sont que les indicateurs des ODD sont autre chose qu’un outil statistique, mais bien un levier de l’action politique, et aussi que les ODD ne doivent pas être piloté par la DG Environnement mais remonter au plus niveau de la présidence de la Commission Européenne.

Comite economique et social europeen

Les Objectifs de Développement Durable

Les Objectifs de Développement Durable ne doivent pas être un simple outil de reporting mais d’abord un levier d’action pour les politiques publiques européennes. C’est le sens de mon projet d’avis préparé avec l’économiste Alain Grandjean. Ce projet d’avis a été présenté en réunion de section le 5 septembre 2018. Il a recueilli 68 voix pour, une seule voix contre et une abstention. Dernière étape, le vote en session plénière les 19 et 20 septembre.

Glyphosate

Courte interpellation (2 mn) du Commissaire européen à la sécurité alimentaire lors de la session plénière du Comité Economique et Social Européen le 6 décembre 2017.