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Climat & Consommation en Europe

Audition le mercredi 6 mars 2024 devant la Commission des Affaires européennes du Sénat présidé par Jean-François Rapin.

Je présente nos travaux au Comité Economique et Social Européen sur le sujet du dérèglement climatique en mettant l’accent sur les sujets que je maitrise bien pour avoir été rapporteur de nombreux avis, à savoir les questions de consommation durable.

Que lire pendant les vacances?

Fin 2020, j’ai pris 2 résolutions: d’abord de ne pas écrire de nouveau livre cette année (une premiere depuis 30 ans) et de ne plus, ou presque, lire des nouveautés, mais plutot redécouvrir ma bibliothèque.

Je me suis aperçu que le fait de ne pas écrire un nouveau livre me permettait aussi de ne plus ouvrir de livre avec l’idée de m’en servir pour mon projet en cours, bref de retrouver une certaine liberté de papilloner dans les lectures.  Le résultat de ce 1er semestre est un peu disparate, j’espère que vous pourrez y trouver au moins une idée de lecture.

 

Le pouvoir du moment présent. Eckhart Tolle. j’avais vu dans une itw de Nicolas Hulot qu’il disait que ce livre l’avais beaucoup influencé. le livre paru en 1997 traite de l’instant présent, de la paix interieure et du lacher prise. J’ai toutefois moyennement accroché. J’ai bien aimé la phrase: « J’ai vécu avec plusieurs maîtres zen, c’étaient tous des chats ». Un des thèmes du livre est qu’il faut commencer par se transformer soit même avant de vouloir changer le monde.

Première lecture d’un Maigret. Ce livre qui s’appelle « La 1ere enquête » est en fait le 30ème de la série des Maigret. J’étais interessé par la faculté d’écriture de Simenon et ses 192 romans, dont 75 Maigret. J’ai appris sur la notice que Simenon était le 4eme auteur francophone le plus traduit dans le monde, je ne sais pas qui sont les 4 premiers. Sinon, c’est un bon moment de lecture, sans plus pour moi. Je lirais quand même le 2eme volume acheté avec le lancement de cette collection.
Poussières d’Etoiles est un livre de l’astrophysicien Hubert Reeves paru en 1984. Dans cette édition de 2009 figurent de nombreuses et superbes photos de l’espace. J’ai surtout appris les immenses mystères restant sur la naissance de notre univers (le fameux big bang) il y a 14 milliards d’années et le rôle des trous noirs. La question que suggère Hubert Reeves est: Pourquoi alors que la vie sur Terre résulte d’un quasi miracle, l’homme s’obstine t’il à la dégrader?
La vie révée du joueur d’échecs. De l’auteur, j’avais beaucoup aimé son « Petit traité de désinvolture » en 2002. Il nous parle ici de sa passion pour le jeu d’échecs. C’est souvent bien vu comme le scène où le perdant d’un match cherche désespérément à prouver son vainqueur que seule une bourde due à une étourderie passagère à pu le faire perdre. il met en evidence le paradoxe d’un jeu ultra logique et les joueurs qu’il a pu rencontrer « à la raison décollée du réel ». Une très bonne lecture malgré qques disgressions étranges.
Le Dieu venu du Centaure. Philip K Dick. J’avais adoré ce livre étant ado, les dickiens le considèrent comme un chef d’oeuvre. Et bizarre, je n’ai pas du tout acroché à cette relecture bien des années après. Je l’ai relu me souvenant du vague fond de réchauffement climatique (le livre a été écrit en 1964) et la nécessité d’aller sur Mars: « processus désormais inexorable de transformation de la Terre en un vaste désert brulé » (P 161). Un peu déçu donc même si on retrouve les belles idées de Dick (les précogs) et sa formidable culture.
Marketing, les illusions perdues. Réédition mise à jour d’un ouvrage de 2015 par Florence Touzé qui enseigne à Audencia à Nantes. Le livre a le grand mérite de s’interroger sur la responsabilité du Marketing alors qu’en matière de responsabilité, on a plutôt tendance à se focaliser sur les enjeux de communication. Un thème important du livre est celui de l’implication du consommateur, historiquement vérifié plutôt pour des produits chers. F Touzé met l’accent sur le fait que la marque ne se réduit plus à une approche marketing.
Europe, le défi culturel. Ecrit en 1990 par Jean Marie Domenach, ex directeur de la revue Esprit. Il est toujours interessant de plonger dans d’anciennes réflexions, ici sur l’Europe qui s’était encore peu élargie. La reflexion sur l’importance de la culture comme ciment de l’Europe conserve toute sa pertinence. Je ne connaissais pas la phrase de Nicolas Grimaldi « La crise n’est pas une mesaventure de l’esprit européen, elle est son essence même ». L’Europe sera la convergence de ses cultures et non leur amalgame.
Insoutenable paradis. Paru en Juillet 2020, écrit par un spécialiste en marketing préférant se nommer analyste culturel, ce livre est une interrogation écrite à la premiere personne sur les contradictions entre nos espoirs écologiques et la réalité de nos comportements. Le livre tire beaucoup de sa susbtance des rencontres de l’auteur sur son podcast et une grande sincérité émane des propos. L’absence de toute réference et l’abus de renvoi à son podcast en auto promo m’a un peu géné mais le livre pose les bonnes questions.
L’administration de la peur. J’avais lu ce livre avec plaisir à sa sortie en 2010. Moins à la relecture 2021. Sous forme d’interview, ce petit livre (94 pages) traite du rôle politique de la peur et, thème majeur chez Virilio, celui de l’accélération du temps. La pandémie apporte une actualité lorsqu’il dénonce l’idéologie sécuritaire et sanitaire. « La maitrise du pouvoir est liée à celle de la vitesse », « nous sommes passés du crépuscule des dieux au crépuscule des lieux », on passe « de l’hyperaction à l’hyperinteraction ».
Mon grain de sable. Un petit livre (94 pages) assez fantastique. Luciano Bolis était un chef de la resistance italienne durant la dernière guerre. Il raconte son arrestation et les tortures qu’il a subi. Il n’a jamais parlé et doit sa survie à sa tentative de suicide qui l’a amené dans un hopital où il fut évadé. Il interroge sur le fort qui cède et le faible qui résiste jusque la mort, il interroge aussi sur la férocité humaine et cela dans un langage d’une stupéfiante sobriété.L’auteur vécu ensuite jusque 1993.
L’imprécateur. Ex-consultant chez Publicis, l’auteur donne ici (1974) une vision de la vie dans les grandes entreprises internationales. Des textes anonymes circulants, des fissures sur les murs, donnent le contexte pour décrire des relations humaines de plus en plus sordides derriere une apparence policée: »Le rappel d’une politique de libre expression traduisait plus un usage discursif, un procédé verbal, qu’une réalité ». Pour l’auteur, la vie du monde ressemble de plus en plus au management d’une entreprise.
Impressions et lignes claires. Un livre étrange, où on chercherait la moindre info inconnue et les indiscrétions, mais bizarrement ce témoignage distancié est un vrai plaisir de lecture. le style est excellent et les bons mots omniprésents. Plaisir de lire que leur série TV préférée est The West Wing (le sommet). Seule critique pour N Hulot qui aurait été bon « s’il avait réussi à maitriser son ministère » ( P 107). Seule découverte négative: l’opposition à la convention citoyenne sur le Climat: il ne faut jamais s’en remettre au sort.
Les idées modernes aux échecs. Ecrit en 1922 c’est un classique de la littérature échiquenne. Le livre explique l’évolution des idées d’abord basé sur les combinaisons, puis les principes généraux, puis les idées modernes. J’ai été étonné par les commentaires: chez un joueur autrichien, on trouve la finesse de la musique de Vienne. un autre joueur tient davantage du prêtre que du virtuose. Le plus surprenant a été de jouer des parties avec mon ordi et de constater que beaucoup de conseils étaient totalement inadaptés.
Naissance de l’écologie. L’ouvrage (2018-360 pages), toujours très précis, montre que l’écologie a demarré avec l’hygiènisme et la salubrité publique, que le mouvement a traversé tous les courants politiques, que le 1er sujet d’inquietude était la déforestation et que les premières zones protégées (forêt de Fontainebleau) l’ont été pour des motifs plus artistiques qu’environnementaux. On voit aussi que depuis le 1er congrés sur la protection de la nature qui s’est tenu à Paris en 1923, le chemin n’est pas très rapide. Une critique plus approfondie est sur une autre page de ce site.
La cible. Sandro Gozzi est ex secretaire d’Etat aux affaires européennes en Italie et a été élu au Parlement européen sur la liste française Renaissance. Il raconte dans ce livre court (116 pages) qu’un élu étranger a bien du mal à se faire respecter lorsqu’il se fait élire dans un autre Etat. Parfait connaisseur de l’Union européenne, il estime qu’elle court le triple danger de l’immobilisme, du nationalisme et de la myopie. Selon lui, le vaccin contre le virus du populisme, c’est une Europe puissante.
La permaentreprise. J’étais un peu sceptique sur ce livre, peut-être en raison du titre. C’est plutôt une belle découverte. Le livre part d’une experience concrète; celle de l’entreprise Norsys que dirige Sylvain Breuzard (par ailleurs Président de Greenpeace). C’est agréable à lire en raison de multiples schémas, tableaux et tout se presente de manière progressive. Pour l’entreprise, une réflexion sur 23 objectifs à atteindre avec les indicateurs associés. A titre personnel, j’ai découvert les questions Ikigaï et c’est plutôt pas mal.
L’homme aux semelles de vent. J’ai relu ce livre daté de 1977 après avoir appris la mort de l’auteur, Michel Le Bris, fondateur du festival des étonnants voyageurs de Saint Malo, début 2021. Le titre fait référence à Rimbaud, nommé ainsi par Verlaine. Le livre a vieilli, notamment toutes les réflexions sur l’état hégélien ou marxiste. Le début est excellent avec une description des 1ers touristes arrivant en Bretagne il y a une cinquantaine d’années. Le livre est une invitation au voyage, au jazz, au blues et à relire Mme de Staël.
2 ou 3 choses que je sais de la liberté. Si vous demandez qqchose à quelqu’un, ajoutez à la fin « bien sur, vous êtes libre d’accepter ou non » et vous avez plus de chances d’obtenir une réponse positive. Psycholoque social, Jean-Léon Beauvois expose ses idées sous la forme d’un entretien avec sa fille. La thèse principale est qu’on trouve toujours en soi les raisons de nos actes même si nous n’avons fait qu’obéir. Nous agissons puis tachons de rationaliser nos actes, de leurs donner un sens. Le livre date de 2013. 126 p. Je conseille.
Pourquoi nous travaillons. Jean Fourastié était un auteur incontournable en science éco dans les années 70. Ce livre écrit en 1959 (réédité en 76) est étrange à relire de nos jours. Pour l’auteur, le progrès résultait d’abord de la science économique qui savait si bien réguler l’économie, raison pour laquelle elle a pris une place dominante, mais c’était bien avant les crises. « Grâce à la science éco, on approche le plein emploi » (Page 21). J’ai appris qu’en 1800, on bossait 220 000h dans la vie, contre 96 000 en 1970.
Le biais comportementaliste. Ecrit par six chercheurs à Sciences-Po, ce petit livre (120 pages) entend discuter les démarches de nudge. Pour les auteurs, le nudge a un effet limité dans le temps et dans ses conséquences, et ses promoteurs ne communiquent jamais sur leurs échecs. Ne prenant pas en compte les ressorts collectifs des comportements individuels, le nudge ne peut être réellement efficace. S’il fait un peu règlement de comptes entre universitaires, ce livre présente une analyse critique du phénomène.
La gauche en France. Je savais que la distinction gauche-droite venait d’un placement dans l’hémicycle, j’ai appris que cela remontait à un vote sur le pouvoir du roi à l’Assemblée Nationale le 11 septembre 1789. Un rappel à la citation d’Alain qui disait que ceux qui remettaient en cause la distinction droite-gauche ne pouvaint pas etre des homme de gauche. Le livre retrace l’histoire de la gauche jusque 1975, date de publication. Je ne me souvenais pas que la Commune avait été un tel massacre. Une bonne révision.
Economie comportementale des politiques publiques. Un excellent petit livre, assez technique, rédigé par 3 professeurs d’économie. J’ai appris que, constatant que les parents venaient souvent en retard récuperer leurs enfants à la crèche, celle ci a mis en place des pénalités. Et cela a conduit à un doublement des cas de retard, les parents voyant l’amende comme une tarification d’un service nouveau(!). Le livre explore le nudge en santé, en environnement, en choix d’épargne et sur le marché du travail. Très clair, pédagogique et documenté. (2021)
 Je relis aussi ma collection de Corto Maltese est c’est toujours aussi super, avec une préference pour l’instant aux Ethiopiques.
Et je suis preneur de vos conseils de lecture ;-)

L’Europe, on lui fait quoi?

Le 15 août 2020, le site de pari en ligne Winamax a posté sur Twitter une illustration en lien avec la coupe d’Europe des clubs champions, et sobrement intitulée « L’Europe, on l’encule à 2 ». La référence reposait sur le fait que deux clubs français, le PSG et l’OL participaient à la phase finale.

 

Moi qui depuis 10 ans travaille au Comité Economique et Social Européen et tâche de promouvoir l’image de l’Europe, je me suis senti provoqué par cette publicité. La société Winamax est un leader des paris en ligne, premier site français de poker. Patrick Bruel compte parmi ses actionnaires principaux.

 

Cette publicité a beaucoup fait réagir et trois membres du gouvernement (les ministres des sports, de la citoyenneté et de l’égalité homme-femme) ont dénoncé cette publicité jugée outrancière.

 

Une députée, Olga Givernet, a demandé au Premier Ministre la suppression de l’autorisation de pari en ligne de Winamax.

 

Devant l’ampleur des critiques, la société Winamax a décidé de retirer son tweet trois jours plus tard.

 

Pour ma part, j’ai porté plainte devant le jury de déontologie de la publicité, une des trois instances de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.

 

La décision du jury vient d’être rendue publique. Le jury juge ma plainte fondée au regard des principes de la déontologie publicitaire, il considère que « la publicité litigieuse présente un caractère ordurier qui traduit un manquement aux exigences de responsabilité sociale. » Il note que cette publicité est de nature à cautionner une forme de violence physique et verbale.

 

Pour ma part, je retiens quatre leçons :

 

  • D’abord, alors que ce tweet ordurier a été fortement dénoncé et que la polémique a été relayée sur de nombreux médias, j’ai été le seul à porter plainte. Cela signifie que le processus de plainte en matière de publicité n’est, soit pas connu, soit perçu comme ne présentant aucun intérêt.

 

  • Ensuite, il est difficile de juger objectivement la posture de Winamax. Lorsqu’ils annoncent en défense qu’il s’agit d’une simple référence à un album de rap du groupe PNL et à la chanson « Celsius » qui démarre par « On prend le rap, on l’encule à 2 », on ne peut s’empêcher d’envisager qu’ils ont voulu faire un coup de buzz à la veille d’une compétition sportive où le nombre de paris sportifs pouvait fortement augmenter. Mais, comme je sais qu’il faut aussi se méfier des tweets postés après 22 heures – le tweet a été posté à 22 h 40 – en raison de ce qu’on appelle « l’effet Jack Daniel », la volonté même de Winamax reste obscure.

 

  • Au vu du caractère « ordurier » comme le jury le reconnait lui même, j’avais demandé dans ma plainte, et comme le règlement du JDP l’autorise, que cet avis soit publié dans un journal de communication comme « Stratégies » et un journal de sport comme « L’Equipe ». Le Jury écarte ma demande sous le prétexte qu’il s’est passé trop de temps entre ma plainte et le jugement. On croit rêver, le jury prend argument de sa lenteur pour faire valoir la non publication de ses avis. Cela signifie que jamais le JDP ne valorisera ses avis et donc que ses avis resteront confidentiels sur son propre site. On a connu des principes de Name & Shame plus audacieux.

 

  • Enfin, entre le moment de ma plainte, le 18 août, et la publication de la décision du jury, deux mois et demi se sont écoulés. Il me semble vraiment nécessaire que le processus de plainte soit amélioré et les délais raccourcis, comme je l’avais proposé dans le rapport remis en juin 2020 au ministre de la transition écologique.

L’avis du Jury sur ma plainte: JDP Avis WINAMAX

L’avis sur le site du JDP: Lien JDP

Une nouvelle mandature pour l’Europe

En octobre prochain, il y aura un renouvellement au Comité Economique et Social Européen. La France a adressé en juin 2020 sa liste des 24 nouveaux membres qui composeront sa nouvelle délégation. Une société civile plus représentative et plus paritaire.

Article publié dans la newsletter de la revue politique et parlementaire de juillet 2020.

https://www.revuepolitique.fr/une-nouvelle-mandature-pour-le-comite-economique-et-social-europeen/

Comite economique et social europeen

Un mandat s’achève

Mon mandat au Comité Economique et Social Européen s’achève prochainement. J’avais été nommé par le gouvernement français une première fois en 2010 et j’avais été renouvelé en 2015. Au total, j’aurai donc passé dix ans dans l’enceinte des institutions européennes. Après le renouvellement de 2015,  j’avais été choisi par mes 23 collègues français comme étant le point de contact de la délégation française auprès des institutions.

Au CESE, on bosse.

Durant mes mandats, j’ai siégé au sein des sections environnement, énergie, marché intérieur, de l’observatoire du développement durable, du groupe communication et de la catégorie consommateur et environnement. J’aurai présidé trois groupes de travail (sur la consommation durable, l’économie circulaire et l’efficacité énergétique), été rapporteur de trois avis (sur l’économie de fonctionnalité, le nudge et la durée de vie des produits), été co-rapporteur de deux avis (sur les indicateurs et objectifs de développement durable et sur l’efficacité énergétique) et participé à 37 groupes de travail (liste sur ma page « Membre » sur le site du Comité lien vers le site : Page des membres du CES Européen).

 

Un peu de recul.

le travail dont je suis le plus fier porte sur la lutte contre l’obsolescence programmée, notamment parce que le texte que j’avais fait voter en 2013 en session plénière fut adopté à l’unanimité (moins une voix). Il fut aussi le premier texte européen à se prononcer en faveur de la durabilité des produits et il marque le début d’une dynamique européenne de questionnements sur nos pratiques de consommation.

 


Ces dix années m’auront formé à la tolérance puisque pour faire accepter un texte, il est nécessaire de le négocier entre les trois groupes qui constituent le Comité (entreprises, syndicats, secteur associatif) et avec les cultures et enjeux de 27 états ; la recherche du consensus est donc permanente. La désignation de la nouvelle délégation est en cours, je suis candidat à un nouveau mandat car les discussions sont souvent passionnantes. La liste définitive ne devrait être publiée qu’en septembre, un mois avant la nouvelle mandature. En toute hypothèse, après dix ans au Comité Economique et Social Européen, les souvenirs sont excellents et les amitiés solides.

Elections européennes, que retenir?

Une des difficultés de la vie politique, c’est d’être en permanence dans l’auto justification. Le résultat des européennes est il bon ou pas?

 

1. Le premier constat est que les efforts de mobilisation pour l’Europe ont été fructueux. C’est même inespéré, les 1ers résultats évoquent une participation à 51% alors que les taux d’abstentions avaient oscillés entre 57 et 59% depuis 2004. Le site d’information « Toute l’Europe » 1er site d’information sur l’Europe en France nous avait prévenu il y a quelque jours de scores historiques de consultations et laissait présager un fort regain de participation. Les efforts de mon comité Economique et Social européen, du Parlement européen à Paris ont beaucoup contribué à ce sursaut.

 

2. Le 1er parti arrivé en tête est anti européen. Alors que le travail effectif des parlementaires RN est insignifiant, les français l’ont placé en 1ere position. Depuis 2 ans, en tant que représentant de la société civile auprès des Institutions européennes, j’ai taché de contribuer à prouver la rôle effectif des institutions européennes. Nous avons participé aux consultations citoyennes européennes, participé à de nombreuses rencontres, avec le CESE francais et bien d’autres nous avons voulu montrer que l’Europe se faisait au plus près de nos préoccupations, tout cela n’a pas été entendu et l’Europe a peu été entendu dans le scrutin où les thèmes de politiques nationales ont été dominant. Et si on dépasse les comptes de suffrages Droite/Gauche, les mouvements anti européens dépassent le tiers des votes exprimés. Lourd échec dans un pays qui fut au lancement de la construction européenne.

 

3. L’écologie réalise toujours un excellent score surtout sinon ajoute au score d’EELV les résultats du parti animaliste et ceux de Urgence Ecologie que les sondages donnaient à 0,5 et qui atteint 1,9% ce qui n’est pas négligeable vu la profusion des listes.

 

4. L’avenir se présente sans beaucoup d’espoir. Les débats télévisés se centrent sur la politique partisane nationale. Et les médias n’évoquent que du bout des lèvres le résultat dans les autres pays alors que seul le résultat global pourra nous indiquer le réel visage de l’Europe pour les 5 prochaines années. Il y a encore un gigantesque travail à effectuer.

 

Le chaînon manquant de la construction européenne

Article paru dans un journal espagnol fin mars 2019 sur le sujet de la place du citoyen dans la construction européenne.

Lien vers l’article: Le chaînon manquant

Ma candidature

 

En mai 2017, je n’ai pas voté Emmanuel Macron au 1er tour. Mais, pro européen convaincu, j’ai rapidement été séduit par ses prises de position pour une refondation de l’Union Européenne.

 

J’avais alors été rencontrer à l’Elysée son responsable aux affaires européennes pour définir quel pouvait être le rôle de la société civile dans cette refondation. Etant le point de contact de la société civile organisée au Comité Economique et Social Européen, je m’estimais légitime pour travailler sur ce rôle.

 

Je me suis ensuite rapproché du cabinet de Nathalie Loiseau, Ministre en charge des affaires européennes, pour lui proposer que mon Comité soit la rampe de lancement des consultations citoyennes européennes. Elle intervint sur mon initiative lors d’une de nos sessions plénières et nous organisâmes un panel citoyen originaire des 27 états de l’Union Européenne pour élaborer le questionnaire de ces consultations.

 

Le rappel constant à la société civile, les contacts que j’établissais, ma connaissance des institutions européennes, tout cela m’a fait envisager : « Pourquoi pas moi ? ».

 

Devenir parlementaire européen me permettrait d’être plus efficace qu’au CES européen. Je me suis donc progressivement investi, notamment en participant au pôle en charge de l’élaboration du programme de LaRem pour les européennes.

 

J’ai donc adressé en octobre dernier ma candidature à la commission d’investiture. Après plusieurs mois de black-out, la liste des éligibles vient d’être publiée et je n’en suis pas.

 

Je suis bien sûr déçu, d’abord parce que je m’étais beaucoup investi dans cette ambition et que je croyais vraiment à l’engagement annoncé par le Président de la République d’une large place à la société civile.

 

C’est donc un échec. Le combat était difficile puisque, en éliminant les proches du Président et les alliances politiques, il ne pouvait y avoir que 3-4 personnes en position éligible et que nous étions 2 700 candidats.

 

J’en retiens trois idées :

  • D’abord, comme toujours, dans les épreuves importantes, nous sommes déçus par des proches, et à l’inverse, nous sommes fortement soutenus par des personnes plus lointaines. Je crois que c’est une caractéristique constante de toutes les épreuves, positives ou négatives.
  • Moi qui m’intéresse beaucoup à la communication politique, j’ai cherché un livre qui puisse m’aider. Mais tous les ouvrages sont écrits dans l’objectif de se faire élire, jamais d’émerger en aval de l’élection.
  • Il n’y aura pas de deuxième tentative. La politique nécessite un fort tempérament, avec une forte dose d’extraversion. Ce n’est pas ce qui me caractérise le plus.

 

Je suis un peu décontenancé par la liste des éligibles. Je m’attendais à voir plutôt des leaders politiques ou des militants fortement engagés dans le parti, il n’en a rien été et la liste LaRem pour l’Europe m’apparaît singulière, et j’y cherche encore la logique. Je reste toutefois avec d’excellents souvenirs de cette aventure en terre politique. J’y ai côtoyé des personnes fantastiques et j’ai pu connaître un mouvement politique de l’intérieur.

 

Une nouvelle phase s’ouvre.

 

Pour une consommation durable à l’échelle européenne

Pour une consommation durable à l’échelle européenne

 

En juin 2018, Nicolas Hulot et Brune Poirson m’ont missionné pour un rapport visant à délimiter des recommandations acceptables afin d’accroître la durabilité des produits.

 

Je souhaitais que cette lettre de mission puisse être signée conjointement par le Ministre de l’économie en charge du dossier consommation, mais cela n’a pu se réaliser et ma mission, initialement prévue pour démarrer au mois de mars, n’a finalement été lancée que le 21 juin 2018.

 

Cinq ans après mon avis émis et adopté à l’unanimité par le Comité Economique et Social Européen, je suis plus que jamais persuadé qu’il ne peut y avoir de développement durable sans consommation durable et que le sujet de la durabilité des produits doit trouver toute sa place dans une économie circulaire qui s’est trop longtemps focalisée sur le recyclage des déchets.

 

Après avoir rencontré pendant six mois plus d’une cinquantaine d’interlocuteurs de tous horizons et analysé un grand nombre d’études que j’ai voulu essentiellement académiques pour être le plus objectif possible, j’ai pu mettre en évidence le très grand nombre de conséquences bénéfiques d’un accroissement de la durée de vie des produits pour le pouvoir d’achat, l’emploi, l’impact environnemental et les émissions de gaz à effet de serre, la réputation des entreprises, la balance commerciale et bien d’autres domaines.

 

Au terme de mon étude, je formule 50 recommandations pour une durabilité accrue des produits.

 

Il appartient désormais au gouvernement d’en tirer les conséquences pour permettre au maximum de consommateurs de retrouver un rôle constructif moteur dans la transition écologique et solidaire.

 

 Rapport final

L’Europe de l’environnement, ce que disent les citoyens


L’Europe de l’environnement, ce que disent les citoyens

Du 17 avril au 31 octobre 2018, des consultations citoyennes se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national. 70 000 citoyens ont participé à 1 082 consultations et le thème de l’environnement est apparu parmi les plus fréquents et comme celui qui a suscité le plus de propositions.

 

I. L’environnement comme nouvel ordre européen

La protection de l’environnement est conçue comme un pilier central d’une nouvelle dynamique européenne et l’Europe porte une responsabilité particulière par rapport au reste du monde. A l’heure où beaucoup considèrent que le récit fondateur « L’Europe, c’est la paix » doit être renouvelé, beaucoup de citoyens proposent de « lier le rêve européen au rêve écologique » pour redonner du sens aux espoirs européens. L’Europe doit donc se positionner en leader mondial sur les grands enjeux environnementaux.

L’Europe doit commencer par donner plus de lisibilité à sa politique environnementale et mieux faire respecter ses normes par la création d’une police environnementale européenne.

La question du financement a été posée et l’idée d’un plan d’urgence écologique européen séduit de nombreux participants. La fiscalité doit être davantage incitative. Il faut inciter par un crédit d’impôt au développement d’équipements sobres en énergie et taxer les produits non efficients pour subventionner la fabrication de produits plus respectueux de l’environnement.

La Banque Européenne d’Investissement devrait se transformer en Banque Européenne de Développement Durable ou devrait inclure une filiale spécifique dédiée au financement de la transition énergétique et proposer une offre de crédit à taux zéro pour les projets de transition. L’Europe de l’environnement, c’est aussi l’Europe de la recherche, l’Europe doit donc relancer de grands projets de recherche en lien avec les enjeux climatiques et environnementaux.

 

II. Des propositions multiples

Les citoyens ont un très grand nombre de propositions à suggérer. Six grands thèmes ont pu être dégagés.

  • Le changement des modes production
    Les entreprises sont ici directement interpellées sous le postulat que les obligations pour éco-concevoir et augmenter la durée de vie des produits sont insuffisantes. Trois grands sujets ont émergé : l’obsolescence programmée, les plastiques et les produits toxiques.L’Union Européenne doit, à horizon 2050, « fossiliser les énergies fossiles ».Le développement des énergies renouvelables en Europe est plébiscité et il est proposé de réallouer les taxes sur les énergies fossiles à la production d’énergies vertes. L’Europe devrait promouvoir une compagnie européenne d’électricité verte qui serait, sur le modèle d’Ariane, un champion européen de la transition énergétique.
  • L’évolution des modes de consommation
    La commercialisation des produits durables apparaît négligeable et les participants déclarent qu’ils réorienteraient leurs achats s’ils étaient mieux informés ou si les produits durables étaient moins chers ; c’est le cas également avec les produits bio, considérés comme trop chers.
    Il faudrait renforcer les systèmes de contrôle et de sanction et imposer aux produits non européens des standards de meilleure qualité.
  • La préservation des ressources
    Si le terme d’économie circulaire est peu apparu, la nécessité d’une limitation des prélèvements de matières premières, comme celui d’une meilleure gestion des déchets, a été clairement identifiée.
    Il faut contraindre les entreprises à l’éco-conception et au recyclage, rendre obligatoire celui-ci, contraindre les e-commerçants à la reprise des emballages, accorder des bonus aux industriels qui utilisent des produits recyclés, développer un véritable marché intérieur du recyclage.Le gaspillage alimentaire est également apparu et il faudrait davantage impliquer les cantines scolaires et les magasins d’alimentation. Une obligation pour les supermarchés de faire don de leurs invendus est proposée alternativement à l’idée d’une taxe sur le gaspillage alimentaire. Dans le domaine alimentaire, il a également été proposé la mise en place d’une étiquette indiquant le nombre de kilomètres parcourus par le produit.
  • La limitation des pollutions
    Urbanisme et transport ont été fortement développés. En matière d’éco-construction, les propositions suivantes ont été émises : imposer un urbanisme écologique, créer un label des villes européennes durables, obliger les entreprises du BTP à travailler avec les entreprises de recyclage, améliorer le financement des éco-quartiers.L’éco-mobilité recueille des nombreuses proposions ; il faudrait un plan vélo européen, proposer des bornes de recharge électrique tous les 50-80 kilomètres, créer une journée européenne sans voiture, favoriser le co-voiturage, réduire le transport des marchandises par camion au sein de l’Europe, généraliser le parking à l’extérieur des villes.
  • La protection des éco-systèmes
    Sur ce point, le souhait d’une politique commune de protection des sols est apparu en lien avec la plantation d’arbres. Des demandes de mesures de protection du littoral et de la biodiversité ont été effectuées et sur ce point, par un développement des réserves naturelles et la protection des abeilles.
  • Le climat
    Bizarrement, le thème du réchauffement climatique a été peu abordé, vraisemblablement car il est apparu transverse à de nombreuses politiques. En dehors du développement de la recherche, la plupart des propositions se sont focalisée sur des mesures fiscales, même si celles-ci ont pu faire débat, d’autres participants jugeant ces propositions trop punitives.

Au final, plusieurs observations peuvent être présentées

D’abord, si le sujet environnement a été un des trois thèmes les plus traités lors de ces consultations citoyennes, très peu de propositions ont réellement l’Europe comme cadre territorial. Ensuite, beaucoup de propositions apparaissent consensuelles en dehors de celles touchant la fiscalité. En outre, l’ensemble des débats donne l’impression que le sujet environnement en Europe s’avère évident, qu’il serait un motif de fierté et de reconnaissance de citoyenneté européenne, qu’il demanderait toutefois à être mieux communiqué pour donner plus de visibilité aux actions déjà conduites.

Reste à savoir enfin si les citoyens européens sont prêts aux efforts qui seraient requis par la mise en œuvre des propositions qu’ils suggèrent eux-mêmes.