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Publicité et Transition écologique, ça bouge en Europe

Présentation de l’avis Publicité en plénière

Les débats sur le rôle de la publicité dans la lutte contre le dérèglement climatique ont été nombreux et souvent conflictuels en France. Ce sont les débats de la Convention Citoyenne sur le Climat qui ont réellement amené le sujet sur la place publique en 2020, même si plusieurs rapports après celui de la Fondation Nicolas Hulot en 2017 avaient amorcé les discussions. Rapport FNH 2017

 

J’ai voulu au début de cette année que l’Union Européenne se saisisse de la question, parce que la communication publicitaire ne connaît pas de frontières, parce qu’il est peu pertinent d’imposer des régulations fortes dans un pays alors que les autres états n’auraient aucun dispositif de contrôle, il me semblait important d’élargir le débat national. Mon principal objectif était que la filière de la communication publicitaire en Europe s’engage résolument vers l’objectif de neutralité carbone.

 

Au Comité Economique et Social Européen, notre travail est organisé principalement en réponse aux demandes des Institutions européennes, mais nous pouvons aussi nous autosaisir. J’ai ainsi proposé un avis d’initiative à la fin de l’année dernière à la section Marché Intérieur de mon Comité. Cette demande ayant été acceptée, un groupe de travail s’est constitué et nous avons procédé à une audition le 21 juin 2021,

la première audition publique européenne sur le sujet. Deux réunions du groupe de travail se sont déroulées et après un vote en section, mon avis a été voté en session plénière le 20 octobre 2021.

 

Discussion en plénière.

Voici les leçons que j’en tire :

 

  • D’abord, et c’est le plus important, un consensus est possible. Le fait que mon avis ait été voté à l’unanimité sans aucune voix contre indique que toutes les composantes de la société civile organisée sont capables de s’accorder sur un texte. Certes, cet avis ne comporte aucune mesure réellement saillante ou novatrice, mais l’essentiel était de créer le débat au niveau européen.

 

  • Les débats qui se sont déroulés lors de la présentation de mon avis ont été très encourageants. Toutes les prises de parole des représentants des entreprises, des organisations syndicales, des associations de consommateurs, ont bien montré qu’une prise de conscience sur le rôle de la publicité avait été effectuée. Qu’il ne s’agissait pas de la combattre par principe, mais de la faire évoluer dans sa régulation, dans ses méthodes, ses outils, ses représentations pour qu’elle ne soit pas un obstacle à la lutte contre le dérèglement climatique, et pourquoi pas un levier.

 

  • Le consensus parfait obtenu nous permet aujourd’hui d’aller plus loin et d’ouvrir plus facilement les portes de la Commission européenne et du Parlement européen. La dynamique est lancée et le 16 décembre, la catégorie Consommateurs et Environnement que je co-préside avec un collègue espagnol s’attaquera aux allégations environnementales trompeuses.

 

Au final, une belle étape qui m’a rappelé mon premier avis voté dans cette instance en 2013 sur l’obsolescence programmée. L’Europe est souvent très lente à se mettre en ordre de marche sur des sujets novateurs, mais une fois la dynamique lancée, elle sait se montrer efficace. Voici un nouveau motif d’espoir.

Publicité et transition écologique, les publicitaires doivent s’engager.

Tribune publiée le 1er Juillet 2020 dans la revue Mind Média sur le rôle de la publicité dans la transition écologique.

La publicité ne peut rester à l’écart des défis que pose le dérèglement climatique, les publicitaires doivent s’engager davantage et surtout revoir leurs pratiques. Après la remise du rapport remis au Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, après les recommandations de la Convention citoyenne sur le Climat, les rapports de plusieurs associations, la profession doit se mobiliser .

Article MindNews

Quelle publicité pour un monde sobre et durable ?

Le rapport demandé le 20 septembre 2019 par les ministres Elisabeth Borne et Brune Poirson a été adressé en avril aux directeurs de cabinet correspondants. Sans observations de leur part, il a  été présenté le 11 juin à Mme Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès la la ministre de la Transition écologique et solidaire.

Ce travail faisait suite à une précédente demande du ministère de la transition écologique sur la durabilité des produits. Ce rapport avait été présenté en janvier 2019 (disponible ici : Rapport Obsolescence Programmée et à un rapport sur le même sujet du rôle de la publicité dans la transition écologique que j’avais rédigé en 2016 pour la Fondation Nicolas Hulot (disponible ici : Rapport FNH sur la Publicité

Cette mission pour lequel j’avais proposé à Géraud Guibert, conseiller à la Cour des Comptes et Président du Think Tank La Fabrique Ecologique de travailler avec moi, fut assez conséquent. Nous avons auditionné une trentaine d’organisations ou d’interlocuteurs, et au final plus d’une centaine de personnes ont été rencontrées.

CONSTAT:

Mon constat est que l’approche globale reste encore peu propice à un consensus solide. Pour de nombreux publicitaires, la publicité n’est qu’un outil au service de la vente, un reflet de son époque et de toute manière le consommateur est suffisamment intelligent pour décrypter les messages qui lui sont adressés. Difficile de faire bouger les lignes dans ces conditions. Heureusement, les mentalités évoluent. Une prise de conscience a émergé. La communication responsable apparaît désormais celle qui interpelle la responsabilité même du communicant et donc du publicitaire face aux grands enjeux de la transition écologique.

Le rapport comporte plus d’une vingtaine propositions , il devrait être mis en ligne rapidement sur le site du ministère, en attendant le voici ici:Rapport MTES vf

PERCEPTION:

Pour ma part, je considère que la publicité stricto sensu ne doit pas devenir le bouc émissaire des critiques contre notre système de consommation parce qu’elle ne constitue qu’une partie réduite d’un système de communication où interviennent les médias propriétaires (site web, vitrines), les dépenses gagnées par les actions d’influence, notamment sur les réseaux sociaux et tout ce qui concerne le marketing et qui échappe actuellement à toute réglementation, à l’exemple du packaging des produits. Elle doit toutefois se montrer beaucoup plus réactive et prendre des engagements forts sur sa responsabilité en matière de lutte contre l’hyper-consommation et le dérèglement climatique. Le récent guide (Janvier 2020) de l’ADEME devrait aider les professionnels Guide ADEME.

Le sujet est très important et trop longtemps sous estimé. Après avoir essayé de changer la finance, les modèles économiques, il est temps de penser à nos imaginaires.

J’ai l’espoir que ce rapport pourra être utile et qu’il permette un meilleur dialogue entre l’ensemble des parties prenantes, j’ai trouvé chez l’ensemble des interlocuteurs des points de vue très documentés qui demanderaient à être davantage partagés.