Pourquoi on ne se comprend pas

Eric Dacheux, Comprendre pourquoi on ne se comprend pas, CNRS Editions, 2023, 212 pages.

 

 

Eric Dacheux est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Clermont-Auvergne. Ce livre en format poche présente une synthèse claire et complète des enjeux qui traversent les questions de communication.

 

 

Le livre commence par une interrogation sur le sens du mot communication puisque celui-ci renvoie à des outils, à une activité, mais aussi à des infrastructures (les voies de communication). Il dénonce l’opposition convenue entre une information qui serait objective et une communication subjective et persuasive, ainsi que l’idée d’une communication se réduisant à une transmission d’information.

 

 

Le terme de communication a été utilisé pour la première fois en 1369 par Oresme, il renvoie aujourd’hui à des activités fort différentes ; la persuasion, mais aussi la diffusion, la transmission, la connexion, l’interaction ou l’expression.

 

 

En dehors de son contenu, le support participe à la compréhension, exprimer une idée en face à face ou par SMS n’aura pas le même impact, le même message exprimé par trois personnes différentes sera également reçu différemment.

 

 

Pour Eric Dacheux, il ne faut pas seulement essayer de maîtriser le sens que l’on produit, mais aussi expliquer son intention, le but de sa communication. Si l’objectif est peu clair, le contenu de la communication le sera tout autant.

 

Il rappelle aussi que le récepteur d’un message ne l’enregistre pas, il l’interprète et lui donne un sens. Il dénonce l’idée que le récepteur soit réduit à une cible. « Cibler, c’est refuser de reconnaître la singularité d’autrui pour tenter de le rendre conforme à ses propres représentations, à ses propres intérêts. »

 

Le dernier chapitre concerne le numérique et l’auteur a des mots très durs pour dénoncer l’idée même d’une communication numérique qui pourrait s’affranchir de l’espace et du temps. Selon lui, « les outils numériques marchands menacent l’écologie et la démocratie » (p. 180). Les dispositifs numériques prétendaient œuvrer à une société de communication, mais ils prolongent « une société de consommation où l’obsolescence n’a plus besoin d’être programmée tant l’accélération technologique déprécie continuellement les produits numériques précédents. »

 

 

Il est erroné de confondre connexion et communication, « la connexion numérique ne résout pas les problèmes de communication, elle les augmente. » Il est en cela très proche des idées de Dominique Wolton lorsque celui-ci déclarait « Si tout le monde s’exprime, qui écoute ? »

 

 

Un livre à conseiller à tous les étudiants en communication et tous ceux qui veulent dépasser les trop nombreuses idées reçues sur la communication.