Que lire pendant les vacances?

Fin 2020, j’ai pris 2 résolutions: d’abord de ne pas écrire de nouveau livre cette année (une premiere depuis 30 ans) et de ne plus, ou presque, lire des nouveautés, mais plutot redécouvrir ma bibliothèque.

Je me suis aperçu que le fait de ne pas écrire un nouveau livre me permettait aussi de ne plus ouvrir de livre avec l’idée de m’en servir pour mon projet en cours, bref de retrouver une certaine liberté de papilloner dans les lectures.  Le résultat de ce 1er semestre est un peu disparate, j’espère que vous pourrez y trouver au moins une idée de lecture.

 

Le pouvoir du moment présent. Eckhart Tolle. j’avais vu dans une itw de Nicolas Hulot qu’il disait que ce livre l’avais beaucoup influencé. le livre paru en 1997 traite de l’instant présent, de la paix interieure et du lacher prise. J’ai toutefois moyennement accroché. J’ai bien aimé la phrase: « J’ai vécu avec plusieurs maîtres zen, c’étaient tous des chats ». Un des thèmes du livre est qu’il faut commencer par se transformer soit même avant de vouloir changer le monde.

Première lecture d’un Maigret. Ce livre qui s’appelle « La 1ere enquête » est en fait le 30ème de la série des Maigret. J’étais interessé par la faculté d’écriture de Simenon et ses 192 romans, dont 75 Maigret. J’ai appris sur la notice que Simenon était le 4eme auteur francophone le plus traduit dans le monde, je ne sais pas qui sont les 4 premiers. Sinon, c’est un bon moment de lecture, sans plus pour moi. Je lirais quand même le 2eme volume acheté avec le lancement de cette collection.
Poussières d’Etoiles est un livre de l’astrophysicien Hubert Reeves paru en 1984. Dans cette édition de 2009 figurent de nombreuses et superbes photos de l’espace. J’ai surtout appris les immenses mystères restant sur la naissance de notre univers (le fameux big bang) il y a 14 milliards d’années et le rôle des trous noirs. La question que suggère Hubert Reeves est: Pourquoi alors que la vie sur Terre résulte d’un quasi miracle, l’homme s’obstine t’il à la dégrader?
La vie révée du joueur d’échecs. De l’auteur, j’avais beaucoup aimé son « Petit traité de désinvolture » en 2002. Il nous parle ici de sa passion pour le jeu d’échecs. C’est souvent bien vu comme le scène où le perdant d’un match cherche désespérément à prouver son vainqueur que seule une bourde due à une étourderie passagère à pu le faire perdre. il met en evidence le paradoxe d’un jeu ultra logique et les joueurs qu’il a pu rencontrer « à la raison décollée du réel ». Une très bonne lecture malgré qques disgressions étranges.
Le Dieu venu du Centaure. Philip K Dick. J’avais adoré ce livre étant ado, les dickiens le considèrent comme un chef d’oeuvre. Et bizarre, je n’ai pas du tout acroché à cette relecture bien des années après. Je l’ai relu me souvenant du vague fond de réchauffement climatique (le livre a été écrit en 1964) et la nécessité d’aller sur Mars: « processus désormais inexorable de transformation de la Terre en un vaste désert brulé » (P 161). Un peu déçu donc même si on retrouve les belles idées de Dick (les précogs) et sa formidable culture.
Marketing, les illusions perdues. Réédition mise à jour d’un ouvrage de 2015 par Florence Touzé qui enseigne à Audencia à Nantes. Le livre a le grand mérite de s’interroger sur la responsabilité du Marketing alors qu’en matière de responsabilité, on a plutôt tendance à se focaliser sur les enjeux de communication. Un thème important du livre est celui de l’implication du consommateur, historiquement vérifié plutôt pour des produits chers. F Touzé met l’accent sur le fait que la marque ne se réduit plus à une approche marketing.
Europe, le défi culturel. Ecrit en 1990 par Jean Marie Domenach, ex directeur de la revue Esprit. Il est toujours interessant de plonger dans d’anciennes réflexions, ici sur l’Europe qui s’était encore peu élargie. La reflexion sur l’importance de la culture comme ciment de l’Europe conserve toute sa pertinence. Je ne connaissais pas la phrase de Nicolas Grimaldi « La crise n’est pas une mesaventure de l’esprit européen, elle est son essence même ». L’Europe sera la convergence de ses cultures et non leur amalgame.
Insoutenable paradis. Paru en Juillet 2020, écrit par un spécialiste en marketing préférant se nommer analyste culturel, ce livre est une interrogation écrite à la premiere personne sur les contradictions entre nos espoirs écologiques et la réalité de nos comportements. Le livre tire beaucoup de sa susbtance des rencontres de l’auteur sur son podcast et une grande sincérité émane des propos. L’absence de toute réference et l’abus de renvoi à son podcast en auto promo m’a un peu géné mais le livre pose les bonnes questions.
L’administration de la peur. J’avais lu ce livre avec plaisir à sa sortie en 2010. Moins à la relecture 2021. Sous forme d’interview, ce petit livre (94 pages) traite du rôle politique de la peur et, thème majeur chez Virilio, celui de l’accélération du temps. La pandémie apporte une actualité lorsqu’il dénonce l’idéologie sécuritaire et sanitaire. « La maitrise du pouvoir est liée à celle de la vitesse », « nous sommes passés du crépuscule des dieux au crépuscule des lieux », on passe « de l’hyperaction à l’hyperinteraction ».
Mon grain de sable. Un petit livre (94 pages) assez fantastique. Luciano Bolis était un chef de la resistance italienne durant la dernière guerre. Il raconte son arrestation et les tortures qu’il a subi. Il n’a jamais parlé et doit sa survie à sa tentative de suicide qui l’a amené dans un hopital où il fut évadé. Il interroge sur le fort qui cède et le faible qui résiste jusque la mort, il interroge aussi sur la férocité humaine et cela dans un langage d’une stupéfiante sobriété.L’auteur vécu ensuite jusque 1993.
L’imprécateur. Ex-consultant chez Publicis, l’auteur donne ici (1974) une vision de la vie dans les grandes entreprises internationales. Des textes anonymes circulants, des fissures sur les murs, donnent le contexte pour décrire des relations humaines de plus en plus sordides derriere une apparence policée: »Le rappel d’une politique de libre expression traduisait plus un usage discursif, un procédé verbal, qu’une réalité ». Pour l’auteur, la vie du monde ressemble de plus en plus au management d’une entreprise.
Impressions et lignes claires. Un livre étrange, où on chercherait la moindre info inconnue et les indiscrétions, mais bizarrement ce témoignage distancié est un vrai plaisir de lecture. le style est excellent et les bons mots omniprésents. Plaisir de lire que leur série TV préférée est The West Wing (le sommet). Seule critique pour N Hulot qui aurait été bon « s’il avait réussi à maitriser son ministère » ( P 107). Seule découverte négative: l’opposition à la convention citoyenne sur le Climat: il ne faut jamais s’en remettre au sort.
Les idées modernes aux échecs. Ecrit en 1922 c’est un classique de la littérature échiquenne. Le livre explique l’évolution des idées d’abord basé sur les combinaisons, puis les principes généraux, puis les idées modernes. J’ai été étonné par les commentaires: chez un joueur autrichien, on trouve la finesse de la musique de Vienne. un autre joueur tient davantage du prêtre que du virtuose. Le plus surprenant a été de jouer des parties avec mon ordi et de constater que beaucoup de conseils étaient totalement inadaptés.
Naissance de l’écologie. L’ouvrage (2018-360 pages), toujours très précis, montre que l’écologie a demarré avec l’hygiènisme et la salubrité publique, que le mouvement a traversé tous les courants politiques, que le 1er sujet d’inquietude était la déforestation et que les premières zones protégées (forêt de Fontainebleau) l’ont été pour des motifs plus artistiques qu’environnementaux. On voit aussi que depuis le 1er congrés sur la protection de la nature qui s’est tenu à Paris en 1923, le chemin n’est pas très rapide. Une critique plus approfondie est sur une autre page de ce site.
La cible. Sandro Gozzi est ex secretaire d’Etat aux affaires européennes en Italie et a été élu au Parlement européen sur la liste française Renaissance. Il raconte dans ce livre court (116 pages) qu’un élu étranger a bien du mal à se faire respecter lorsqu’il se fait élire dans un autre Etat. Parfait connaisseur de l’Union européenne, il estime qu’elle court le triple danger de l’immobilisme, du nationalisme et de la myopie. Selon lui, le vaccin contre le virus du populisme, c’est une Europe puissante.
La permaentreprise. J’étais un peu sceptique sur ce livre, peut-être en raison du titre. C’est plutôt une belle découverte. Le livre part d’une experience concrète; celle de l’entreprise Norsys que dirige Sylvain Breuzard (par ailleurs Président de Greenpeace). C’est agréable à lire en raison de multiples schémas, tableaux et tout se presente de manière progressive. Pour l’entreprise, une réflexion sur 23 objectifs à atteindre avec les indicateurs associés. A titre personnel, j’ai découvert les questions Ikigaï et c’est plutôt pas mal.
L’homme aux semelles de vent. J’ai relu ce livre daté de 1977 après avoir appris la mort de l’auteur, Michel Le Bris, fondateur du festival des étonnants voyageurs de Saint Malo, début 2021. Le titre fait référence à Rimbaud, nommé ainsi par Verlaine. Le livre a vieilli, notamment toutes les réflexions sur l’état hégélien ou marxiste. Le début est excellent avec une description des 1ers touristes arrivant en Bretagne il y a une cinquantaine d’années. Le livre est une invitation au voyage, au jazz, au blues et à relire Mme de Staël.
2 ou 3 choses que je sais de la liberté. Si vous demandez qqchose à quelqu’un, ajoutez à la fin « bien sur, vous êtes libre d’accepter ou non » et vous avez plus de chances d’obtenir une réponse positive. Psycholoque social, Jean-Léon Beauvois expose ses idées sous la forme d’un entretien avec sa fille. La thèse principale est qu’on trouve toujours en soi les raisons de nos actes même si nous n’avons fait qu’obéir. Nous agissons puis tachons de rationaliser nos actes, de leurs donner un sens. Le livre date de 2013. 126 p. Je conseille.
Pourquoi nous travaillons. Jean Fourastié était un auteur incontournable en science éco dans les années 70. Ce livre écrit en 1959 (réédité en 76) est étrange à relire de nos jours. Pour l’auteur, le progrès résultait d’abord de la science économique qui savait si bien réguler l’économie, raison pour laquelle elle a pris une place dominante, mais c’était bien avant les crises. « Grâce à la science éco, on approche le plein emploi » (Page 21). J’ai appris qu’en 1800, on bossait 220 000h dans la vie, contre 96 000 en 1970.
Le biais comportementaliste. Ecrit par six chercheurs à Sciences-Po, ce petit livre (120 pages) entend discuter les démarches de nudge. Pour les auteurs, le nudge a un effet limité dans le temps et dans ses conséquences, et ses promoteurs ne communiquent jamais sur leurs échecs. Ne prenant pas en compte les ressorts collectifs des comportements individuels, le nudge ne peut être réellement efficace. S’il fait un peu règlement de comptes entre universitaires, ce livre présente une analyse critique du phénomène.
La gauche en France. Je savais que la distinction gauche-droite venait d’un placement dans l’hémicycle, j’ai appris que cela remontait à un vote sur le pouvoir du roi à l’Assemblée Nationale le 11 septembre 1789. Un rappel à la citation d’Alain qui disait que ceux qui remettaient en cause la distinction droite-gauche ne pouvaint pas etre des homme de gauche. Le livre retrace l’histoire de la gauche jusque 1975, date de publication. Je ne me souvenais pas que la Commune avait été un tel massacre. Une bonne révision.
Economie comportementale des politiques publiques. Un excellent petit livre, assez technique, rédigé par 3 professeurs d’économie. J’ai appris que, constatant que les parents venaient souvent en retard récuperer leurs enfants à la crèche, celle ci a mis en place des pénalités. Et cela a conduit à un doublement des cas de retard, les parents voyant l’amende comme une tarification d’un service nouveau(!). Le livre explore le nudge en santé, en environnement, en choix d’épargne et sur le marché du travail. Très clair, pédagogique et documenté. (2021)
 Je relis aussi ma collection de Corto Maltese est c’est toujours aussi super, avec une préference pour l’instant aux Ethiopiques.
Et je suis preneur de vos conseils de lecture ;-)