Edgar Morin. Introduction à la pensée complexe.

Seuil/Essais. 158 pages.
Parution dans la collection Le point/Seuil de l’ouvrage d’E Morin sorti en 1990 chez ESF éditeur. Une clé d’entrée relativement facile d’entrée pour comprendre un élément essentiel des travaux d’Edgar Morin. Un livre important sur le nécessaire décloisonnement de nos domaines de connaissance.

Philippe Michel, C’est quoi l’idée?

Michalon. 172 pages. 15 Euros.
Figure disparue (en 1993) de la publicité française et fondateur de l’agence CLM/BBDO, Philippe Michel publie ce livre d’entretiens et d’aphorismes sur la publicité. Les idées des pub Kookaï, Vittel, Mamie Nova… sont expliquées dans une optique de pari constant sur l’intelligence du récepteur. J’aime bien l’idée que « la pub est le seul discours qui soit clairement manipulateur et qui se présente comme tel », « le propos de la communication est de fabriquer du commun », « il est imbécile de classer les gens par segments », « on essaie toujours de trop donner de sens aux choses alors qu’il faut faire en sorte que ce soit les gens qui leur en donnent ».

Lionel Chouchan et Jean-François Flahaut, Les relations publiques

PUF/Que sais-Je?. 128 pages.
Une réussite dans une collection plutôt en déclin. C’est une parfaite synthèse des enjeux, une bonne description de la complexité d’un secteur, beaucoup de références et de conseils opérationnels. L’agence des auteurs a un peu la part belle des exemples cités, mais c’est fait intelligemment. Une bonne entrée sur le sujet et ses composantes: interne, financière, de crise…

Maud Tixier (sous la direction de), Communiquer sur le développement durable

Editions d’Organisation. 356 pages. 39 Euros.
Recueil de visions de dircoms, de directeurs développement durable, d’agences de com ou de notation, d’associations sur le sujet du DD. Trés interressant par la richesse des 25 points de vue, il est parfois trés inégal et langue de bois. On aurait aussi apprécié la confrontation des points de vue plutôt qu’un catalogue de visions séparées.

Jean-Pierre Dupuy, Petite métaphysique des tsunamis

Seuil. 108 pages. 9 Euros.
Loin des modes d’emploi de la gestion de crise, Jean Pierre Dupuy, philosophe, auteur en 2002 de « Pour un catastrophisme éclairé » nous livre une salutaire réflexion sur la notion de catastrophe. Il propose une relecture du Tsunami de décembre 2004 à la lueur des textes philosophiques, notamment la grande controverse entre Voltaire et Rousseau aprés le tremblement de terre de Lisbonne le 1er novembre 1755. Trés critique sur la notion de développement durable et ses clichés « Il faut mettre en question que c’est devant les générations futures que nous avons à répondre de nos actes », trés pessimiste sur nos capacités de réaction face aux catastrophes qui se profilent, excessif lorsqu’il évoque les gestionnaires du risque pour lesquels la rationalité « n’est pas différente de l’absence de pensée ou de courte vue dont parle Arendt à propos d’Eichmann » (page 101), Jean-Pierre Dupuy examine la part Humaine/Naturelle des catastrophes: qu’avons nous appris de plus sur des crises comme le tsunami que nous ne sachions pas en 1755? Un livre intelligent et dérangeant.

Dominique Pécaud, Risques et précautions

La Dispute. Février 2005. 316 pages. 23 Euros.
Maître de conférences en sociologie à l’Université de Nantes, D Pécaud s’attache à démontrer la faible efficacité des dispositifs de lutte anti-crise basé exclusivement sur une approche technique. Il dénonce les effets pervers d’une rationalité excessive dans la compréhension des méthodes de réduction des risques basées sur des modèles linéaires : connaissance objective-décision-action. L’obtention de la norme ISO 14001 n’a pas empêchée AZF et la non prise en compte des affects au profit de l’accumulation de connaissances statistiques et de procédures ne peut permettre de progresser. Il est nécessaire de réintroduire dans les modèles d’analyse le facteur humain et notamment les effets d’habitude, de préservation de soi, de goût du risque. C’est ici un rappel utile que le social est « en jeu de façon essentielle dans toutes les situations de risque » et que « la prévention des risques n’est pas une simple question d’application scientifique et technique dont seraient propriétaires quelques experts ».
Un livre dense, avec beaucoup d’exemples et de références théoriques, mais souvent assez difficile à lire (en tout cas pour un communicant comme moi ;-)

Didier Pitelet, La nouvelle parole de l’entreprise

Essai sur le marketing social. Editions Médialivre. 228 pages.
Militant du concept (déposé!) de marque employeur, Didier Pitelet, directeur de l’agence Guillaume Tell nous livre sa vision de la relation entre l’entreprise et ses publics et surtout celui des jeunes diplomés. Intéressant, mais plombé par des formules creuses de type « Ces jeunes sont formidables » et surtout par l’aspect publireportage de la démonstration. Aprés l’ouvrage de Serge Perez et Eric Pietrac sur un sujet proche, on sent le consultant désireux de se voir conférer une reconnaissance éditoriale pour mieux démarcher ses clients. Ce n’est en soi pas criticable, mais 200 pages pour expliquer que les messages de l’entreprise doivent être coherent, c’est beaucoup.

Jack Welch, Mes conseils pour réussir

Village Mondial. 374 pages. 30 Euros. 2005.
Auteur du best seller de la littérature managériale en 2001 avec « Ma vie de patron » Jack Welch récidive par un ouvrage moins personnalisé sur son existence à la tête de General Electric mais tout aussi concret et opérationnel.
L’ouvrage nous intéresse ici parce que General Electric continue à truster les meilleures places dans les classements des entreprises malgré quelques crises importantes. Et c’est l’expérience de J Welch qui mérite notre intérêt sur le sujet. Le livre comporte un chapitre sur la gestion des crises duquel nous extrayons ces 5 principes :
Les leçons de crise concernent 5 axes :
– Considérez que le problème est plus grave qu’il n’en a l’air. L’auteur préconise de se mettre dans la tête en début de crise que « le pire du pire s’est produit » et que le problème va s’amplifier. Il faut sauter l’étape où les managers tentent de se persuader eux mêmes que la situation va se calmer et qu’elle est sous contrôle.
– Considérez que rien ne restera secret. Les dirigeants ne doivent pas chercher à étouffer une information, elle sortira et si vous avez cherché à l’udulcorer sa capacité de nuisance sera décuplée.
– Considérez que la manière dont vous gérez la crise sera décrite sous le jour le plus défavorable possible. Ne vous repliez pas dans ces circonstances car le déficit de visibilité sera négativement commenté et votre perception de culpabilité ne pourra que s’accroître.
– Il faudra remplacer certains processus et certaine personnes. La crise appelle le changement et pour que l’entreprise puisse aller de l’avant après la crise, il sera nécessaire de corriger les processus et souvent de se débarrasser de certains hommes. Ici, la méthode américaine fonctionne à plein régime : « si quelqu’un enfreint les règles, il ne quitte pas l’entreprise pour « raisons personnelles », ou « pour consacrer plus de temps à sa famille » : il est pendu en public, et la raison du châtiment est largement proclamée » (Page 153)
– Il n’existe pas de crise dont vous ne puissiez apprendre quelque chose.

Jean-Leon Beauvois, Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social

PUG. 424 pages.
Co-auteur avec R V Joule du célèbre Guide de manipulation à usage des honnêtes gens, JL Beauvois s’attaque à un sujet ambitieux, l’analyse du pouvoir social à la lueur de ses célèbres expériences en psycho-sociologie. Traité sur le pouvoir et ses dérives libérales, l’auteur distingue clairement la liberté politique et la liberté sociale: « dissociation dramatique entre l’être politique libre et l’être social libéralement soumis ».
Le livre est interessant pour le communiquant sous 2 aspects:
– La critique de la notion d’opinion publique: Les sondages ne permettraient de rendre compte que 9% des attitudes des personnes interrogées. (Wicker. 1969)
– La critique de la communication politique « asservissement des hommes politiques aux formules du marketing » et de la communication publicitaire qui participe à la « déproblématisation complète des faits de pouvoir ». Plaidoyer pour le débat, la confrontation d’idées et le retour de la rhétorique à l’opposé de qu’il appelle « la propagande glauque » qui fonctionne en absence de toute argumentation, l’ouvrage s’inspire de Chomsky et se renforce des experiences de l’auteur. Essentiel dans l’analyse de nos déterminismes, il est parfois long dans sa description des effets pervers d’un libéralisme américain qui « ronge notre culture, notre terre et nos reves ».

Caroline Fourest, Face au Boycott. L’entreprise face au défi de la consommation citoyenne

Dunod. 168 pages.
5 ans aprés le livre de Marc Drillech Le Boycott, C Fourest propose son regard sur le boycott qui selon elle se développera sous l’effet de la mise en réseau des ONG, de la tendance à l’engagement individuel et du sentiment d’impuissance face aux abus de pouvoir des multinationales. La démonstration est souvent un peu rapide ( sur les obstacles au boycott notamment) et il est dommage de s’etre privé d’une masse de recherche universitaire sur le sujet, mais l’ensemble, même s’il fait un peu trop enquête journalistique, est agréable à lire et montre parfaitement la relation entre le developpement durable, les pratiques consuméristes et la communication de crise.