Dominique Wolton, Il faut sauver la communication

Flammarion. 224 pages.
Une bonne synthèse de la pensée de D Wolton où se retrouve ses thèmes de prédilection: La mondialisation la télé,..Rien de très novateur par rapport à ses travaux antérieurs mais quelques rappels intéressants sur la logique de l’interlocuteur et la légitimité des discours. Un utile recul théorique sur les pratiques de communication mais un peu plombé par la multiplication des effets de style. La totalité des notes de bas de page sont des références à des N°s de la revue Hermés qu’il dirige comme si rien d’intéressant n’existait ailleurs. Pas très communicant Mr Wolton?

Jean-Pierre Beaudoin, L’opinion, c’est combien? Pour une économie de l’opinion

Village Mondial. 238 pages.
Directeur du groupe I&E, professeur associé au CELSA, animateur de nombreux séminaires consacrés à la communication des organisations, Jean Pierre Beaudoin est un des meilleurs spécialistes des problématiques d’opinion et de réputation. Il prolonge ici la réflexion de son ouvrage précedent, etre à l’écoute du risque d’opinion, en approfondissant les enjeux liés à l’image de l’entreprise et ses incidences économqiues. Pédagogique et opérationnel.

Christophe Lambert, La société de la peur

Plon, 200 pages, 15 Euros
Président de Publicis France après avoir fait toute sa jeune carrière dans le monde de la publicité, Christophe Lambert part du constat que la France est paralysée par de multiples peurs : « La société française est aujourd’hui entièrement dominée par la peur » : peur du chômage, de l’étranger, de la solitude, de vieillir.
Cette peur, amplifiée par la vision de l’impuissance des pouvoirs publics, « commentateurs de leur propre impuissance » et par les médias « principal pilier de la société de la peur », freine toute action et empêche toute prise de risques.
Face à constat, les propositions de l’auteur apparaissent malheureusement un peu vaines : clarifier les règles des marchés financiers, revaloriser l’innovation, s’imposer un langage de vérité, placer l’éthique au cœur des pratiques. La publicité a également un rôle à jouer puisqu’il revient aux marques « le devoir de rendre la société de consommation plus intéressante à vivre ».
L’ouvrage, qui se veut très grand public, reste intéressant pour la communication de crise par l’analyse du terrain social dans lequel prolifèrent les crises et le rôle minime de l’Etat qui « n’est pas seulement incapable de gérer le quotidien, il est incapable d’agir en cas de coup dur. »

Birgitta Orfali, La société face aux événements extraordinaires. Entre fascination et crainte

Editions Zagros, 19 euros, 232 pages.
Ouvrage de recherche, universitaire. Ce livre s’attache aux enjeux psychosociologiques des événements extraordinaires. L’événement extraordinaire se distingue de la crise en ce qu’il peut être positif et qu’il concerne un maximum d’interlocuteurs alors que les crises peuvent être spécifiques à une catégorie précise de publics.
L’auteur, maître de conférences à l’université Paris-V, étudie les retombées d’événements comme la tempête de 1999, le 11 septembre, AZF ou le Tsunami sous l’angle des représentations sociales et notamment des réactions affectives des populations touchées. Sont également traités l’importance de la découverte d’un « bouc émissaire », la réaction individuelle qui oscille entre révolte et fatalisme, les phénomènes de rationalisation collective, la montée de nouveaux acteurs comme les services psychologiques ou les associations d’aide aux victimes, le déluge immédiat d’informations, qu’il conviendra à chacun de sélectionner selon sa propre histoire. Parfois discutable (« le nombre important de gens qui assistent à un événement extraordinaire réduirait son impact » p. 123), souvent ardu, ce travail reste essentiel pour la communication de crise qui se focalise essentiellement sur l’organisation au détriment des processus d’ajustement et de réaction du public face à ces événements.

Philippe Malaval et Jean Marc Decaudin. Pentacom. Communication: Théorie et pratique

Pearson édition. 2005. 728 pages
Critique un peu subjective pour cet ouvrage puisqu’en j’en fus le conseiller éditorial. L’ambition est d’être le manuel de référence et il est vrai que le livre fourmille d’informations pratiques et d’exemples toujours trés concrets. Tous les aspects de la communication sont passés en revue: BtB, publique, internationale, crise, interne, humanitaire, religieuse, politique. Beaucoup de données, d’études de cas et une trés belle mise en page. Coté négatif, on regrettera une part trop importante accordée aux aspects purement marketing ( les 2 auteurs sont enseignants en marketing), par conséquent les chapitres consacrés au corporate ou aux relations publiques sont trés réduits. Le Communicator a désormais son concurrent.

Claire Gauzente. Alerte Marketing. Comprendre, anticiper, gérer les crises

De Boeck. 160 pages. 19 Euros.
Un excellent livre, clair, très bien documenté et qui réussit le tour de force à être tout à la fois un ouvrage de réflexion et très opérationnel sur le secteur de la gestion des crises commerciales.

Monique Wahlen et Benoît Héry (sous la dir de). Brèves de planning

L’œil du mouton. 188 pages.
Un petit livre a conseiller à tous les étudiants se destinant au planning stratégique, on y apprend un regard ouvert sur le monde, pas mal d’infos originales (tendances) et de décryptage.

Jacques Derrida. Apprendre à vivre enfin. Galilée. 64 pages

Livre d’entretiens de Derrida au soir de sa vie. Un de ses textes les plus accessibles. Beaucoup de sujets effleurés, l’amour, la mort, la postérité, l’université, l’Europe.

Je retiens particulièrement l’article de Georges Lewi

Les limites de la performance économique: l’exemple des marques mondiales ou mega-brands ». L’auteur expose les dangers de la surexposition de certaines marque: « Les présences trop voyantes, les budgets publicitaires tapageurs, les marques trop larges qui couvrent trop de domaines dissemblables sont de moins en moins acceptés ». L’article de Christophe Roux-Dufort « La performance, antichambre de la crise » est particulièrement intéressant notamment au travers des idées suivantes:
– La réflexion sur la crise confond trop souvent gestion et communication de crise.
– La crise est trop souvent perçue comme un accident de parcours et non comme la régulation d’une trajectoire inadaptée.
– La crise c’est l’accumulation de fragilités plus l’ignorance.
– En crise, l’attribution à une cause extérieure incontrôlable autorise une forme de dénouanement et une échappatoire temporaire.

L’auteur cite les conséquences négatives du modèle du « Prix de l’excellence » pour dénoncer l’illusion de performance et le déni de toute crise potentielle.

Benoît Heilbrunn

(sous la direction de), La performance, une nouvelle idéologie ?, La Découverte. 276 pages. 21 euros.
Examen du thème de la performance sous l’angle de 15 experts et d’optiques différentes.