Bernard Stiegler. Passer à l’acte. Galilée. 2003. 72 pages.

Un livre étonnant, issu d’une conférence prononcée à Beaubourg où l’auteur évoque son incarcération de 5 ans en prison (1978-1983) et comment cette détention l’amena à la philosophie et à «mettre l’accident au cœur même de la philosophie». Un beau livre, notamment les dernières pages où l’auteur s’interroge sur son parcours, mais très exigeant.

Dieter Birnbacher : La responsabilité envers les générations futures, PUF, collectif : Philosophie Morale, novembre 1994, édition originale 1988.

Dieter Birnbacher : La responsabilité envers les générations futures, PUF, collectif : Philosophie Morale, novembre 1994, édition originale 1988.

La prise de conscience des générations futures s’est développée à partir de 1972 avec la publication du Rapport du Club de Rome. Celui-ci démontrait, courbes économétriques à l’appui, qu’au rythme d’utilisation des ressources naturelles, la plupart d’entre elles seraient épuisées aux alentours de 2050. Ce n’est toutefois que vingt ans plus tard, lors de la conférence de Rio – le sommet planète terre – qu’une relative institutionnalisation de l’expression fut effective. Et depuis, les générations futures sont un peu devenues le noyau dur du militantisme écologique et souvent la base d’un grand nombre de lieux communs. Il est intéressant de constater que c’est à partir du moment où l’on a cessé de croire en l’avenir radieux que les générations futures ont fait leur apparition sociale et culturelle, mais toujours avec la même idée de sacrifice présent et de violence latente : « chaque idée fausse que nous traduisons en acte est un crime contre les générations futures » .

C’est avec la publication de l’ouvrage de Hans Jonas Le principe responsabilité paru en 1979 qui fut un considérable succès en Allemagne, qu’une première étude approfondie de nos relations aux générations futures prit date. Les Presses Universitaires de France nous permettent de découvrir un penseur majeur de l’écologie, pourtant totalement inconnu en France : Dieter Birnbacher. Professeur de philosophie à l’Université de Dortmund, celui-ci est très fortement influencé par la tradition utilitariste de John Stuart Mill à John Rawls. Il travaille depuis plus de quinze ans sur les sujets de l’éthique et de l’environnement. Un de ses premiers ouvrages, non traduit en France, s’intitule d’ailleurs : Ecologie et Ethique et date de 1980, c’est-à-dire bien avant que Luc Ferry n’introduise le débat en France.

La base essentielle du travail de D. Birnbacher est la suivante : comment fonder une éthique du futur autrement que sur de vaines déclarations d’intentions. Après avoir noté d’immenses problèmes de définition des générations futures et de son horizon temporel, trois obstacles apparaissent :

– la préférence temporelle, qui amène à sous-estimer le profit futur,
– la préférence de l’ego qui entraîne le fait que le coût et le profit qui concernent d’autres personnes nous touchent moins que ceux qui nous concernent personnellement,
– la distance morale qui implique que notre intérêt aux individus décroît avec la proximité.

L’actualité fournit régulièrement sa dose d’exemples. Nous sommes plus disposés à consacrer des ressources au sauvetage de la vie de victimes d’accidents lorsqu’elles nous sont connues qu’à la prévention d’accidents futurs qui feront autant, voire plus de victimes, mais que nous ne connaissons pas : la victime inconnue reste une abstraction.

Le second problème soulevé par l’auteur est celui des dommages irréversibles ou plus précisément du seuil à partir duquel on peut reconnaître ce dommage. L’auteur, après avoir remarqué les difficultés d’une approche économique du sujet, prend exemple de la disparition d’une espèce biologique, cas typique où toutes les générations futures en seront privées, et note là aussi que :

– certaines transformations biologiques peuvent être des bienfaits (éradication du virus de la lèpre par exemple),
– l’extinction d’une espèce n’est pas une véritable perte lorsque la totalité de ses fonctions sont reprises par d’autres espèces,
– la destruction d’une espèce ne rend pas plus difficile l’existence des êtres humains. L’auteur cite ici l’exemple de nombreuses espèces aujourd’hui disparues, dont nous ne savons rien.

Le problème se cristallise alors sur le concept de droit des générations futures. Peut-on accorder des droits aux individus futurs ?

Ici, également, l’auteur va à l’encontre des idées reçues en récusant totalement cette idée. En effet, pour attribuer à A un droit moral sur B, quatre conditions sont indispensables.

1. A existe,
2. A a des intérêts,
3. B a un devoir moral envers A,
4. A a le droit d’exiger de B qu’il remplisse son devoir moral.

Or, après un large commentaire de ces quatre conditions, l’auteur constate qu’elles ne peuvent être remplies et conclut au caractère impropre de l’approche juridique. « Faire dépendre la prévoyance envers l’avenir de telles valeurs reviendrait à établir une forme de dictature inter-générations, on ne peut prendre la responsabilité de faire souffrir les contemporains au nom d’une mise en péril abstraite et indéterminée des générations ultérieures ».

Le concept de générations futures est donc d’un emploi délicat. Toutes les grandes idéologies ont reposé sur l’idée de sacrifice présent au nom de l’avenir. Il faut, selon l’auteur, mettre en garde contre le despotisme de la morale et privilégier des notions de solidarité ou de sagesse plutôt que des approches juridiques.

Là où l’auteur convainc le moins, c’est lors de son passage à la pratique et notamment au débat sur les choix énergétiques. Ainsi, et l’on sent un certain poids idéologique sous-jacent, l’auteur expose qu’il est préférable d’avoir une prolifération de CO2 dans l’atmosphère avec ses dommages connus de hausse de niveau d’eau des océans ou de transformation de la végétation, parce que les générations futures pourront s’y adapter en pratiquant l’irrigation artificielle ou « en se lançant dans des mouvements migratoires de grande ampleur, comparables aux grandes invasions européennes ». Le risque suprême pour les générations futures est celui des déchets nucléaires. « En revanche, le risque qui découle dès aujourd’hui des déchets nucléaires est lui irréversible. Même s’il est possible que le stockage définitif des déchets radioactifs ne provoque jamais de dommages graves, on ne peut éliminer à long terme le risque d’occurrence d’un tel dommage ».

On le voit, la réflexion sur les générations futures reste tout à la fois complexe et embryonnaire et aboutit fréquemment à des positions teintées par des partis pris. Il est toutefois essentiel que le monde de l’entreprise s’y implique autrement que par la reprise du sempiternel logo « nous ne possédons pas la terre, nous l’empruntons à nos enfants ». Les individus futurs sont un objet d’obligation, en aucun cas de dévotion ou de vénération. C’est seulement ainsi qu’ « on peut s’attendre à ce qu’un travail efficace visant des objectifs liés à l’éthique du futur découle des loyautés intergénératives, plutôt que d’un pathos du futur abstrait, religieux ou quasi religieux ».

Pierre Lascoumes, L’éco-pouvoir, Environnements et politiques, La Découverte, avril 1994

Pierre Lascoumes, L’éco-pouvoir, Environnements et politiques, La Découverte, avril 1994, 320 pages

Connaisseur parfait des politiques publiques grâce à son travail de recherches au CNRS, Pierre Lascoumes nous offre ici une analyse remarquable de l’environnement ou plutôt de ses traductions médiatiques, administratives et associatives.

La thèse essentielle de son ouvrage est celle-ci : « Alors que, depuis les années 1960, les actions collectives menées au nom de la défense de l’environnement se voulaient profondément critiques des savoirs scientifiques et du mode de développement social qu’elles propulsent, la traduction de ces revendications en politique publique débouche au contraire sur un appel croissant aux experts, ingénieurs et techniciens, détenteurs véritables des rênes d’un éco-pouvoir montant ». La mise en évidence de ce paradoxe n’est d’ailleurs pas nouvelle puisqu’on la retrouve chez Lipovetsky, qui déclarait dans son ouvrage Le crépuscule du devoir : « Le supplément d’âme écologique est paradoxalement un levier supplémentaire de la spécialisation, de la fonctionnalisation, de la régulation bureaucratique du monde post-moderne ».

Pour son analyse, Pierre Lascoumes part d’une certitude : l’environnement est d’abord un construit social, il a toujours été l’objet de politiques humaines et tant qu’on opposera développement et sauvegarde de la nature, aucun progrès ne pourra être réalisé. Pour lui, l’environnement actuel, ce serait quelque chose comme la nature « moins le sauvage, plus la science, multipliée par la communication ».

La démonstration s’effectue en trois étapes. D’abord il étudie les représentations de l’environnement et plus spécifiquement la manière dont les médias en traitent. Après avoir constaté la faible place laissée à ce thème, l’auteur évoque l’importance du fait divers et de ce qu’il appelle le transcodage naturaliste médiatique qui peut induire une conception égoïste de l’écologie en ne mobilisant les individus que sur la défense de leur cadre de vie immédiat.

Il traite ensuite de la gestion publique de l’environnement et les mots deviennent très durs face à la situation de confusion des pouvoirs qu’il observe, notamment au niveau des DIREN. « L’analyse par le biais des dynamiques des politiques publiques incite à ne pas mettre le ministère de l’Environnement au centre du dispositif ». Il plaide à l’inverse pour que chaque département ministériel puisse avoir sa propre direction environnement afin d’intégrer l’événement dans chaque type de politique au lieu de cloisonner le travail environnemental au sein du seul ministère de l’Environnement.

Enfin dans sa troisième partie, Pierre Lascoumes analyse le milieu associatif de l’environnement et met en garde contre le risque de simplification : « Le référent principal de l’action associative n’est ni un état de nature à préserver, ni le constat d’atteintes à réduire, mais le besoin démocratique de participer aux décisions d’aménagement ». Il joue un rôle irremplaçable d’initiative et de contrôle de la légalité. L’auteur note par exemple que le ministère de l’environnement est plus régulièrement informé des problèmes locaux par les associations que par les services extérieurs de l’Etat.

En conclusion, Pierre Lascoumes élargit son propos et prend l’exemple de la politique environnementale pour réfléchir à la réelle marge de manœuvre de l’action politique : « Parler de politique de l’environnement ou de la santé, c’est en fait rationaliser après coup des séquences d’actions ambiguës, aux significations divergentes, aux structures vacillantes et aux effets confus ». La politique environnementale ne serait plus que l’apposition d’un label sur des arbitrages et des relations sociales.

Au total, un ouvrage très bien documenté, bourré d’exemples précis et d’idées intéressantes, parfois très discutables quand il nie l’influence électorale des Verts, lorsqu’il fait sienne la citation « les aménageurs ont les NIMBY qu’ils méritent », ou lorsque, d’un trait de plume, il sort de son champ de recherche scientifique pour affirmer « la capitulation du politique devant la toute–puissance des nucléocrates ». Cela aurait peut-être mérité un peu plus de recherche … Un livre contestable, mais dans le sens le plus positif du terme : il incite à la réflexion et au débat.

Roland Cayrol, Les Français et la politique : le grand malentendu, Seuil, 1993

Roland Cayrol, Les Français et la politique : le grand malentendu, Seuil, 1993

Roland Cayrol, Directeur de recherche à la Fondation Nationale des Sciences politiques, Directeur de l’Institut de sondages CSA, vient de publier Le grand malentendu, les Français et la politique aux Editions du Seuil. Il s’attèle à l’analyse de la rupture de la représentation dans le système politique français et à ses éventuels remèdes. Il affiche un objectif ambitieux : « il y va du salut de la démocratie dans ce pays ».

Pour Roland Cayrol, les raisons du divorce entre les Français et la politique sont nombreuses. La première est la croyance, de plus en plus partagée, de l’impuissance des hommes politiques à s’attaquer aux grands fléaux contemporains, au premier rang desquels figure le chômage. En cette période d’économie régnante, « l’incapacité à faire baisser le chômage a sans conteste donné un sacré coup à la crédibilité du politique ».

Deuxième raison, la non prise en considération par la classe politique de sujets ou d’aspirations sociales. En conséquence, il n’y eut aucun vrai débat sur l’immigration, mais une succession de petites phrases sécuritaires ; aucune discussion sur l’éducation et la formation, qui figurent pourtant à la seconde place au tableau des inquiétudes des Français ; aucune vraie prospective sur l’écologie, mais une succession de manœuvres destinées avant tout à rallier un électorat écologiste dispersé.

Enfin, troisième raison, l’apparition de grands fléaux comme le sida, pour lesquels les Français ont depuis longtemps déplacé leur centre d’espérance des hommes politiques vers les hommes de science.

Pour Roland Cayrol, il ne s’agit pas de crier haro sur les acteurs politiques en les chargeant de tous les maux. Les Français « doivent admettre que le politique (l’Etat), n’a pas à savoir donner à tout moment des réponses à toutes les préoccupations de la société civile, surtout lorsque ces réponses n’existent pas ».

Exemple de cette nouvelle incompréhension, le rejet des notions de gauche et de droite. C’est en 1989 que, pour la première fois, une majorité se déclare convaincue du rejet de cette échelle du classement politique : 56 % la jugent obsolète, contre 36 % qui l’estiment toujours valable. Fait nouveau, alors que les plus critiques envers ce classement étaient les citoyens de droite, dorénavant, un électeur de gauche sur deux partage cette critique.

« Carriéristes, éloignés des préoccupations des gens, inefficaces et corrompus », l’image des hommes politiques est au plus bas. Le malentendu serait-il définitif ? Après avoir dressé un constat particulièrement pessimiste – lucide – de la situation, Roland Cayrol tempère son propos.

D’abord, selon lui, les Français ont les hommes politiques qu’ils méritent. L’auteur cite cette déclaration d’un député : « Les électeurs nous accusent de bénéficier de passe-droits, mais chaque fois qu’un électeur nous demande d’agir pour lui, c’est pour un passe-droit ».

Ensuite, parce que le sentiment de « tous pourris » n’est pas nouveau. Les Français estiment que si l’on parle beaucoup de la corruption à l’heure actuelle, c’est avant tout parce que les juges et les journaux font mieux leur travail.

Enfin et surtout, parce que si nous n’apprécions guère les élus, les politiciens, au fond, nous aimons bien notre maire, notre député. Seul un Français sur cinq a une mauvaise opinion de « son » député. Comme l’écrit Roland Cayrol, « les députés, pouah !, mais mon député, il n’est finalement pas si mal ! »

En fait les hommes politiques ne se sont pas aperçus que les Français leur demandaient autre chose que d’être compétents et efficaces. Alors qu’il y a encore quelques années, la principale qualité attendue d’un homme politique était l’intelligence, aujourd’hui, 78 % des français placent en premier lieu l’honnêteté, avec 30 points d’avance sur la connaissance des dossiers, le dévouement et l’intelligence.

Comment faire pour combler ce fossé, pour rapprocher le citoyen de la vie politique ? Roland Cayrol avance quatre pistes :

– la moralisation de la vie politique : « Si un clan sait coupable l’un de ses membres, il doit comprendre que c’est la réputation du clan lui-même qui est en cause devant l’opinion publique » ;
– la restauration de la vie représentative, et notamment des pouvoirs du Parlement ;
– la fin du cumul des mandats, « seul moyen d’obliger chaque élu à remplir effectivement les devoirs de sa charge » ;
– l’ouverture des partis politiques : ceux-ci devraient associer à leurs décisions des coordinations, des réseaux d’associations ; voire des syndicats, car, faute de s’ouvrir, ils ne pourront que « perpétuer leurs langues de bois respectives ».

La fin de l’ouvrage comporte quelques pages très critiques sur la « pseudo démocratie audiovisuelle » et sur la télévision, qui présente de plus en plus la vie politique sous l’angle sportif d’affrontements entre leaders : « Les studios de la télévision deviennent le lieu principal de la politique ». La télévision présente néanmoins un double aspect, celui de corollaire irremplaçable de la démocratie et de support technique rêvé du suffrage universel et celui d’un formidable élément de caricature de cette même démocratie.

Roland Cayrol avait publié en 1978 un ouvrage de recherche, La télévision fait-elle l’élection ? (Presses de la F.N.S.P.), dans lequel il relativisait fortement les supposées relations entre l’influence de la télévision et le sens du vote des citoyens téléspectateurs. Son dernier ouvrage complète ses propos : la télévision n’a pas, ou peu, d’incidence sur le vote ; par contre, elle entraîne des conséquences gigantesques sur le fonctionnement démocratique.

En conclusion, nous ne pouvons que recommander la lecture de cet ouvrage, qui se lit comme un roman, avec une multitude d’informations à chaque page, on regrettera toutefois un excès de formules journalistiques : « il est temps de redresser la barre », « il faut réconcilier les Français et la politique », etc. Autant la première partie, le constat, est convaincante, autant la seconde partie comporte trop d’exhortations pour l’être totalement. Nous pouvions néanmoins nous en douter : pour résorber le grand malentendu, il eut été étonnant qu’un livre suffise.

Odile Peixoto, Les français et l’environnement, Les Editions de l’Environnement, 1993.

Odile Peixoto, Les français et l’environnement, Les Editions de l’Environnement, 1993.

Directrice du développement de l’Institut BVA, Odile Peixoto vient d’écrire Les français et l’environnement (Les Editions de l’Environnement, 1993), dans lequel elle présente les évolutions sociologiques récentes.

Si l’environnement, à l’instar de l’humanitaire, a pris une telle importance, c’est largement en raison de la crise du sens qui affecte nos sociétés. « Pas de projet de société, pas de long terme, des petites touches au coup par coup, au gré des sondages, dans la culpabilité, le Français trouve dans l’environnement une dernière planche de salut, un peu d’assurance face à son angoisse devant l’avenir ».

Cette crise du sens étant durable, la conscience verte n’est nullement un phénomène de mode mais un phénomène profond qu’il convient d’analyser avec prudence car les déclarations d’intention que l’on perçoit à travers les réponses aux sondages sur ce thème sont d’abord un moyen de se déculpabiliser en s’attribuant un geste écologique : « On peut d’ores et déjà minorer les déclarations d’intention de 20 à 25 % ».

La conscience verte n’est pas un phénomène uniforme. Elle se décompose en 5 catégories :

– les Ecoresponsables, qui, sans renoncer aux facilités de la vie moderne, aspirent à un autre projet de société à dimension plus humaine. Ils forment 18 %de la population.
– les Ecodurs. Réservés vis-à-vis du progrès, ils sont convaincus que la société de consommation menace l’environnement et l’espèce humaine (15 %).
– les Ecodésabusés (25 % des Français). Très anxieux pour leur avenir, ils tentent par leurs amis, leur famille, leur maison, de se constituer un univers rassurant.
– les Ecoconfiants (22 %). Ils s’estiment privilégiés par leur qualité de vie et sont prêts à revoir leurs méthodes de travail ou leurs achats pour générer des solutions aux problèmes d’environnement.
– les Ecodistants regroupent 20 % de la population, qui n’ont jamais été convaincus de l’urgence des préoccupations environnementales et ceux qui furent déçus par le nouveau visage de l’écologie trop technique ou trop marketing.

Quant aux entreprises, leurs innovations anti-pollution ne semblent pas avoir été couronnées d’un franc succès. « Si les Français reconnaissent qu’elles font de gros efforts en matière de sécurité, de prévention des pollutions et de réduction des consommations, cela n’entraîne aucune valorisation de leur image ». Le caractère imposé des mesures apparaît trop puissant aux yeux de la population.

En dehors de l’environnement strictement écologique, Odile Peixoto élargit à la fin de son ouvrage son propos à l’environnement social avec des formules percutantes : « L’argent est sale, l’argent corrompt, vous, Français, qui en avez moins qu’avant, réjouissez-vous ! Et le tour est joué. En surfant sur les courants porteurs de l’opinion, les éminences grises du pouvoir influent sur elle, en lançant les médias à la curée. L’affaire de l’OM est exemplaire, elle sort en juin 1993 au moment où le gouvernement Balladur s’enlise dans la crise. Les Français peuvent ainsi se consoler de leur honnête mais conséquente perte de pouvoir d’achat ».

Bien évidemment, l’ouvrage regorge de données chiffrées et argumentées sur les perceptions écologiques par grand thème, par région, par sensibilité politique, etc. Cet ouvrage devrait être remis à jour tous les deux ans.

Régis Debray : L’Etat séducteur, Les révolutions médiologiques du pouvoir, Gallimard, 1993

Régis Debray : L’Etat séducteur, Les révolutions médiologiques du pouvoir, Gallimard, 1993, 198 pages

Le dernier ouvrage de Régis Debray marque une étape majeure dans sa réflexion sur l’Etat. L’Etat, il le connaît bien, il l’a d’abord combattu, il l’a ensuite servi à l’Elysée en tant que conseiller de François Mitterrand, et après avoir démissionné de toutes ses fonctions officielles, il l’analyse.

L’Etat séducteur est un livre puissant et original qui se situe au confluent des deux grands axes de recherche de l’auteur :

1. La science politique qu’il a notamment analysée dans sa Critique de la raison politique en 1981.

2. La communication et le rôle des médias que nous retrouvons dans son Cours de Médialogie générale dix années plus tard.

Après une société caractérisée par l’oralité de ses relations (la logosphère) puis par le rôle de l’écrit (la graphosphère), nous sommes aujourd’hui entrés dans l’ère de la vidéosphère qui se définit par la vitesse de ses communications, de ses visuels et de ses objectifs : distraire et séduire. Les conséquences sur l’Etat sont considérables. Hier basé sur le contrat, il se fonde aujourd’hui sur le contact. La vidéopolitique a engendré l’Etat Kodak qui doit avant tout occuper le terrain et se montrer. Le militant classique s’efface au profit d’une nouvelle classe politico-médiatique où « la réussite médiatique vaut pour certificat d’aptitude professionnelle ».

Le rôle de l’homme politique évolue, il devient principalement un animateur à qui l’on demande non des actions, mais des prestations. L’important pour lui c’est l’émotion, la charge affective véhiculée, la petite phrase qui passera au journal de 20 heures : « Tout ce qui permet d’échapper au logos est bon. Ce dernier aura tout avantage à se faire voir au concert et à se confier aux caméras. La mélodie et le cliché auront la vertu éminemment politique de le dépolitiser, d’en faire un homme comme vous et moi ». A la limite, l’Etat n’a plus besoin de décider ou d’agir, le message tend à supplanter le donné : « Le gouvernement peut alors sans mauvaise foi croire qu’une réforme est faite pour l’essentiel lorsqu’elle est annoncée ». L’action de l’Etat ne se fait pas à la corbeille, pour paraphraser le Général de Gaulle, elle se fait sur le petit écran.

Régis Debray voit deux explications à ce mouvement. En premier lieu, la perte des grands buts du voyage qui place chacun dans l’incertitude des valeurs et des messages à transmettre : « score d’audience, cote de popularité : indice de confiance, point perdu ou gagné au hit de parade, baromètre mensuel : feux de brume pour navigateurs solitaires. De même les valeurs de contact et de convivialité sont-elles d’autant plus en hausse dans l’imaginaire que le lien social est en baisse dans la réalité vécue ». La seconde est plus technologique : « comme en musique, l’électricité a fait les ondes Martenot, le magnétophone, Schaeffer et la musique concrète, l’informatique, Boulez et Xenakis, l’électronique et le rayon hertzien ont fait Ronald Reagan et le télétat ».

On trouve un peu de nostalgie dans ce constat : « Nos sociologues statisticiens sont les Maurice Barrès de la démocratie. Ils ont remplacé la terre et les morts par le public et ses attentes. Le « champ profond » est devenu « sémiométrie des villes de plus de 200 000 habitants ». Après Marx et Tocqueville, voilà la Sofres ».

La communication se retrouve au centre de la vidéosphère, parfois logiquement « plus on communique, moins on informe » et parfois sans raison : « La plus évidente est la défausse sur le « dircom », grand prêtre fautif. Le problème de communication joue alors le rôle du courroux de Jupiter pour cause de libation incomplète. L’échec politique est imputé à l’erreur technique (ce que nous faisions était bien, mais on n’a pas su communiquer) ou à des malveillances subalternes (pas étonnant, avec ces journalistes-là !) ».

Génial et donc provocant, l’ouvrage est parfois discutable. Il est évident que Régis Debray reste partagé entre sa fascination pour Che Guevara et pour le Général de Gaulle.

Lorsqu’il termine lyriquement son livre « Gestion économique cherche projet de société (….) Moins de physique, s’il vous plaît, et un peu plus de métaphysique ! Nous asphyxions ! Enfoncez les murs d’images, rouvrez avec des mots les fenêtres du grand large », il appelle à un nouveau sens, à un projet de société, à une repolitisation qui ne soit pas exclusivement politique : « la politique m’a longtemps masqué le politique » .

Le problème essentiel que pose entre les lignes Régis Debray est celui-ci : peut-on fonder une politique démocratique ailleurs que sur l’’opinion ? Pour l’auteur, la réponse est sans ambiguïté : l’’opinion ne saurait servir de guide. Ce n’’est pas parce que 78 % des français approuvent une opération militaro-humanitaire en Afrique que celle-ci est légitime. Et il assène prenant l’exemple de la diplomatie : « <em>Bien faire son métier, c’’est braver l’’opinion majoritaire, dont l’’historien sait, depuis qu’’il y a des mesures d’’opinion, qu’’elle s’’est toujours trompée sur le sens de l’’histoire en cours. Il n’’est pas de plus sûr gage d’’errement pour une diplomatie que sa popularité immédiate, le fait est avéré et documenté</em> »

Le problème essentiel que pose entre les lignes Régis Debray est celui-ci : peut-on fonder une politique démocratique ailleurs que sur l’’opinion ? Pour l’auteur, la réponse est sans ambiguïté : l’’opinion ne saurait servir de guide. Ce n’’est pas parce que 78 % des français approuvent une opération militaro-humanitaire en Afrique que celle-ci est légitime. Et il assène prenant l’exemple de la diplomatie : « Bien faire son métier, c’’est braver l’’opinion majoritaire, dont l’’historien sait, depuis qu’’il y a des mesures d’’opinion, qu’’elle s’’est toujours trompée sur le sens de l’’histoire en cours. Il n’’est pas de plus sûr gage d’’errement pour une diplomatie que sa popularité immédiate, le fait est avéré et documenté »

Edgard Morin : Terre-Patrie, Seuil, mai 1993

Edgard Morin : Terre-Patrie, Seuil, mai 1993, 216 pages.

La terre est un concept récent et notre système de pensée est insuffisant pour en comprendre les différentes facettes. Cette idée qui architecture le dernier ouvrage d’Edgar Morin n’est pas nouvelle et depuis une trentaine de livres, l’auteur a déjà largement posé les fondements de la seule pensée apte à nous ouvrir des chemins inédits : la pensée complexe. L’intérêt de Terre-Patrie est de nous présenter non pas un aboutissement, car nous pouvons faire confiance à l’auteur pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, mais une somme majeure, une synthèse particulièrement claire de ce vers quoi semblaient tendre ses précédents ouvrages, depuis La nature de la nature en 1977 jusqu’à son Introduction à la pensée complexe en 1990, en passant par Science avec conscience en 1982.

Nous ne sommes qu’au cinquième siècle de l’ère planétaire, précisément depuis 1521, date à laquelle Magellan, grâce à son tour du monde, expérimente définitivement la rotondité de la terre. Et ce n’est que par les guerres mondiales, l’interpénétration économique, le poids des médias, qu’Edgar Morin nomme la télé-participation planétaire, et l’émergence des grands problèmes écologiques que nous sommes réellement entrés dans une civilisation planétaire, dans une nouvelle patrie : la terre, ce « grain de poussière cosmique ».

La difficulté à comprendre notre monde provient des catégorisations de la pensée. Comme Edgar Morin le notait dans Science avec conscience, « Les sciences humaines n’ont pas conscience des caractères physiques et biologiques des phénomènes humains. Les sciences naturelles n’ont pas conscience de leur inscription dans une culture, une société, une histoire. Les sciences n’ont pas conscience de leur rôle dans les sociétés. Les sciences n’ont pas conscience qu’il leur manque une conscience. »

Jamais nous ne pourrons progresser dans notre perception du monde si nous en restons au compartimentage disciplinaire et aux « scléroses universitaires » qui empêchent les articulations entre les domaines du savoir. Il nous faut pour cela une science multidimensionnelle qui jetterait des passerelles entre le biologique, le sociologique, l’économique, l’historique, le psychologique. Et ce remembrement du savoir ne peut provenir que d’une méthode nouvelle dont Morin avait jeté les bases dans son ouvrage de référence en 4 tomes : La Méthode (1 – La nature de la nature, 2 – La vie de la vie, 3 – La connaissance de la connaissance, 4 – Les idées. Leur habitat. Leur vie. Leurs mœurs.). Sans cette méthode, qui permet de mieux traduire la complexité du réel, nous sommes condamnés à la parcellisation du savoir et à la pensée réductrice, mutilante et cataloguante.

Ce type de pensée ne peut que donner forme à des systèmes technobureaucratiques de dilution et de perte de responsabilité qui « favorisent les rigidités de l’action et le laxisme de l’indifférence, contribuent à la régression démocratique dans les pays occidentaux où tous les problèmes devenus techniques échappent aux citoyens au profit des experts et où la part de vision du global et du fondamental laisse libre cours aux idées parcellaires les plus closes mais aussi aux idées globales les plus creuses »… Et l’auteur de citer de multiples exemples de projets techno-bureaucratiques où une dimension est oubliée : barrage d’Assouan, installation de Fos-sur-Mer, affaire du CNTS, etc.

Pour Edgar Morin, le symbole type du réductionnisme en sciences humaines relève de la science économique, science incapable de s’ouvrir aux autres domaines du savoir, science socialement et humainement la plus arriérée, science impérialiste qui réduit tout phénomène humain dans une gangue économistique : « En même temps, l’accentuation de la compétition économique entre nations, notamment dans une conjoncture de dépression économique, favorise la réduction du politique à l’économique, et l’économique devient le problème permanent ; comme il y a simultanément crise des idéologies et des idées, la reconnaissance du primat de l’économie détermine un consensus mou qui affaiblit le rôle démocratiquement vital du conflit d’idées. »

On le voit, l’appel est particulièrement ambitieux. Il s’agit de rompre avec des siècles de catégorisation de la pensée et de défricher les terres nouvelles de la pensée complexe, que Morin refusait de définir dans son ouvrage antérieur Introduction à la pensée complexe, car « la complexité ne saurait être quelque chose qui se définirait de façon simple. La complexité est un mot problème et non un mot solution ». Toutefois cette pensée complexe, qui relie au lieu de disjoindre, présente certaines caractéristiques. Elle est ainsi :

– radicale (à la racine des problèmes),
– multidimensionnelle,
– organisatrice ou systémique,
– écologisée, dans le sens où elle considère l’objet étudié dans son environnement,
– incertaine, c’est-à-dire qui puisse négocier avec l’incertitude.

Pour conclure, Edgar Morin prône « l’Evangile de la perdition ». Celui-ci est une religion mais dans son sens étymologique (re-ligerer = relier), c’est-à-dire un mode de pensée qui ne soit plus une idéologie du progrès mais qui correspondrait à notre nouvelle ère planétaire ouverte sur l’incertitude et l’abîme et qui ferait sien le mot d’Hölderlin : « Là où croît le péril, croît ce qui sauve ».

L’ouvrage est d’autant plus intéressant qu’il interpelle le lecteur et l’amène à réfléchir en permanence sur son mode de pensée et sur les modalités de son activité professionnelle.

On regrettera toutefois l’emploi d’un jargon qui n’est peut-être pas indispensable, même dans le cadre de la pensée complexe. L’auteur ne pouvait-il pas décrypter ce « saut qualitatif/quantitatif et la discontinuité radicale entre la plus complexe des organisations macromoléculaires et l’auto-éco-réorganisation vivante, qui est, répétons-le, de nature communicationnelle-informationnelle-communicationnelle ». On peut être également agacé devant l’ampleur des références à ses propres travaux. Sur 44 renvois à des recherches ou travaux, on en dénombre 27 à ceux d’Edgar Morin.

Au total, un livre que nous ne pouvons que recommander à tous ceux qui souhaitent se familiariser avec un des essayistes les plus innovants et les plus ambitieux.

Pascale Weil, A quoi rêvent les années 90 ?, Seuil 1994

Pascale Weil, A quoi rêvent les années 90 ?, Seuil 1994, 239 pages.

Pascale Weil est directrice des études de l’agence de communication Publicis. Elle a donc un poste d’observation idéal pour suivre l’évolution des moeurs et de nos styles de vie. Et justement, son troisième livre, A quoi rêvent les années 90 ? (Seuil, 1993) a pour objet de nous fournir, à travers l’étude des transformations des codes publicitaires, quelques clés d’interprétation de notre société.

Son hypothèse de départ semble évidente : comme nous sommes dans une société de consommation et de communication, la publicité en est le meilleur révélateur car elle se situe justement à la rencontre de ces deux notions, au carrefour des mécanismes marchands et des discours symboliques.

Et que nous dit la publicité ? Que le monde a changé et que nous sommes passés d’un imaginaire d’opposition à un imaginaire d’alliance. Cela signifie que les années 70-80 qui étaient conçues sur une logique d’excommunication, la gauche contre la droite, la modernité contre la tradition, l’écologiste contre l’industriel, les syndicats contre les patrons, ont fait place depuis 1985 à une société de négociation, de cohabitation et de dialogue. On y met en œuvre le partenariat, le management participatif et l’on cherche à réconcilier toutes les notions qui hier paraissaient antagonistes.

C’est ainsi que la publicité qui fonctionnait sur un mode d’exclusion régie par des concepts de séparation, d’opposition et de distinction donne lieu actuellement à un type de fonctionnement qui repose sur des termes de relation et de conciliation ; voire de communion. A un discours bâti sur le « ou », la publicité présente maintenant une logique du « et ».

L’environnement est un bon exemple de cette évolution. Alors que les années 60-70 marquaient l’opposition totale écologie ou économie, nature ou capitalisme, où la terre était conçue comme un décor passif qu’il fallait dominer ou laisser vierge, on assiste actuellement à une alliance de l’écologie et de l’économie, à l’émergence de l’éco-capitalisme, où l’environnement n’est plus une préoccupation marginale mais intégrée par tous les acteurs sociaux, il faut faire « avec » la nature, voire passer un « contrat naturel ».

Dans le domaine des loisirs, de la nutrition, de la forme, on assiste également à un éclatement des concepts. Alors que la publicité des années 60-70 tenait un discours de positionnement très étroit d’un produit sur son secteur, la publicité actuelle jongle avec les concepts et multipositionne ses produits. Les produits cosmétiques ont de plus en plus un positionnement santé et les produits alimentaires un positionnement sur le secteur de la forme. Bref, c’est une nouvelle alliance soin et beauté, science et nature qui émerge.

La mode est un autre exemple. Elle n’est plus conçue sur une logique d’opposition de l’être ou du paraître, du luxe ou du négligé, du look ou du confort, du sport ou de l’urbain mais sur une alliance où les dessous peuvent s’exhiber, où le chic devient sport et où le cadre d’entreprise peut porter en même temps costume ou tailleur de marque et chaussures de sport. La mode est devenue plurielle.

L’ouvrage fourmille d’exemples et de réflexions sur cette tendance à l’alliance et la communion des valeurs. Son intérêt est multiple. D’abord, il est vrai que la publicité est un peu le miroir grossissant de notre société, qu’elle en exaspère certaines tendances et qu’elle peut fournir une excellente grille d’analyse comme l’avait déjà démontré Bernard Cathelat dans son ouvrage Publicité et société paru en 1970. Ensuite, A quoi rêvent les années 90 ? permet de dépasser toutes les analyses en termes de style de vie bien catégorié telles qu’elles sont effectuées par le CCA ou la Cofremca. Selon Pascale Weil, ces typologies sont caduques, car dans une société d’alliance, les valeurs ne sont plus réductibles à des attitudes étanches, un individu peut intégrer des valeurs multiples qu’il prend dans différents socio-styles. Dans une société devenue « matricielle » ; les produits souvent d’indistinction sociale ne permettent plus d’identifier leur propriétaire. Enfin, l’ouvrage permet une meilleure lecture de sondages souvent réducteurs, en apportant un éclairage global sur l’ensemble des non-dits qui traversent les questions et réponses.

A l’inverse et comme dans la publicité, on ne peut s’empêcher de reprocher à l’auteur de forcer le trait pour les besoins de sa démonstration. Elle place ainsi la montée du racisme et des sectarismes dans les années 60-70 alors que la société actuelle évoluerait plutôt vers la cohérence, la fédération et l’intégration. De même en matière politique, après la période d’opposition, il n’y aurait plus de différence fondamentale durable et les citoyens amalgameraient définitivement les partis dans un redoutable « tous pourris, tous les mêmes ». On peut aussi lui reprocher un certain angélisme publicitaire peut-être compréhensible par sa fonction. On peut être sceptique lorsqu’elle déclare que « tout concourt à reconnaître à la publicité une parole ouverte, susceptible de porter des valeurs de société au-delà de valeurs marchandes ». Il n’en reste pas moins que l’ouvrage est remarquable et qu’il devrait passionner toutes les personnes intéressées par les manifestations du changement social.

Eric Giuilly. Affaires de com’. Stratégies gagnantes, Stratégies perdantes

Odile Jacob. 238 pages.
L’ex Président de Publicis Consultants présente les six principes de base de la communication.

1. Savoir choisir son terrain
2. Savoir préparer le terrain
3. Savoir occuper le terrain
4. Savoir se mouvoir sur de nouveaux terrains
5. Savoir changer de terrain
6. Savoir traverser un terrain miné
Chaque principe est illustré par de nombreux exemples comme Alcan, Sanofi, Mittal, Société Générale, LVMH, … Les réussites présentées sont souvent des cas gérés par l’auteur et ses équipes. Il reste un livre utile aux étudiants et aux professionnels pour la description et l’analyse des cas.

François Regnault. SNCF, la mutation impossible?

Jean Claude Gawsewitch. 220 pages.
Un livre bien interessant pour 2 raisons. D’abord, il décrit de l’intérieur les événements majeurs de l’entreprise et donne une version interne d’événements dont la presse a parlé. L’auteur date du 30 aout 2008 et l’incident en gare d’Aubagne qui occasionna d’importants retards, le début d’une communication de crise basée sur le client. «L’information aux voyageurs sera traitée au même rang que la sécurité», «Depuis cette période, les points en période de crise commencent toujours par la situation des voyageurs», «l’annonce du retard doit toujours se référé à l’hypothèse la plus noire». Et 2ème interet, l’auteur est clairement en service commandé, on voit donc une stratégie habile de la SNCF de développer son storytelling vers l’externe, et on peut envisager que de nombreux salariés le liront . Le livre comme outil de communication interne/externe, voilà un beau retour aux fondamentaux.

Rachel Carson. Printemps silencieux, avec une introduction d’Al Gore. Editions Wildproject. 2011.