Odile Peixoto, Les français et l’environnement, Les Editions de l’Environnement, 1993.

Odile Peixoto, Les français et l’environnement, Les Editions de l’Environnement, 1993.

Directrice du développement de l’Institut BVA, Odile Peixoto vient d’écrire Les français et l’environnement (Les Editions de l’Environnement, 1993), dans lequel elle présente les évolutions sociologiques récentes.

Si l’environnement, à l’instar de l’humanitaire, a pris une telle importance, c’est largement en raison de la crise du sens qui affecte nos sociétés. « Pas de projet de société, pas de long terme, des petites touches au coup par coup, au gré des sondages, dans la culpabilité, le Français trouve dans l’environnement une dernière planche de salut, un peu d’assurance face à son angoisse devant l’avenir ».

Cette crise du sens étant durable, la conscience verte n’est nullement un phénomène de mode mais un phénomène profond qu’il convient d’analyser avec prudence car les déclarations d’intention que l’on perçoit à travers les réponses aux sondages sur ce thème sont d’abord un moyen de se déculpabiliser en s’attribuant un geste écologique : « On peut d’ores et déjà minorer les déclarations d’intention de 20 à 25 % ».

La conscience verte n’est pas un phénomène uniforme. Elle se décompose en 5 catégories :

– les Ecoresponsables, qui, sans renoncer aux facilités de la vie moderne, aspirent à un autre projet de société à dimension plus humaine. Ils forment 18 %de la population.
– les Ecodurs. Réservés vis-à-vis du progrès, ils sont convaincus que la société de consommation menace l’environnement et l’espèce humaine (15 %).
– les Ecodésabusés (25 % des Français). Très anxieux pour leur avenir, ils tentent par leurs amis, leur famille, leur maison, de se constituer un univers rassurant.
– les Ecoconfiants (22 %). Ils s’estiment privilégiés par leur qualité de vie et sont prêts à revoir leurs méthodes de travail ou leurs achats pour générer des solutions aux problèmes d’environnement.
– les Ecodistants regroupent 20 % de la population, qui n’ont jamais été convaincus de l’urgence des préoccupations environnementales et ceux qui furent déçus par le nouveau visage de l’écologie trop technique ou trop marketing.

Quant aux entreprises, leurs innovations anti-pollution ne semblent pas avoir été couronnées d’un franc succès. « Si les Français reconnaissent qu’elles font de gros efforts en matière de sécurité, de prévention des pollutions et de réduction des consommations, cela n’entraîne aucune valorisation de leur image ». Le caractère imposé des mesures apparaît trop puissant aux yeux de la population.

En dehors de l’environnement strictement écologique, Odile Peixoto élargit à la fin de son ouvrage son propos à l’environnement social avec des formules percutantes : « L’argent est sale, l’argent corrompt, vous, Français, qui en avez moins qu’avant, réjouissez-vous ! Et le tour est joué. En surfant sur les courants porteurs de l’opinion, les éminences grises du pouvoir influent sur elle, en lançant les médias à la curée. L’affaire de l’OM est exemplaire, elle sort en juin 1993 au moment où le gouvernement Balladur s’enlise dans la crise. Les Français peuvent ainsi se consoler de leur honnête mais conséquente perte de pouvoir d’achat ».

Bien évidemment, l’ouvrage regorge de données chiffrées et argumentées sur les perceptions écologiques par grand thème, par région, par sensibilité politique, etc. Cet ouvrage devrait être remis à jour tous les deux ans.