Qui sont les climato-sceptiques?

Le terme de climato-sceptique est couramment employé pour désigner ceux qui remettent en question le réchauffement climatique, ses causes et ses effets. Toutefois, il recouvre un grand nombre de catégories, de l’individu isolé s’étant laissé convaincre de bonne foi, au scientifique souhaitant rompre le consensus jusqu’au lobby industriel défendant ses intérêts. Le climato-scepticisme est donc fort hétérogène et recouvre plusieurs situations :

  • Les dénégateurs. Ils remettent en cause la réalité même du réchauffement climatique ou plus précisément la responsabilité humaine. Forcés de constater le réchauffement, ceux-ci en imputent la responsabilité aux éruptions solaires, aux phénomènes volcaniques, voire aux cycles climatiques naturels.
  • Les court-termistes. Ce sont les plus ambigus et peut-être les plus nombreux. Selon eux, il y a bien un réchauffement dû à l’homme, mais ce problème doit être relativisé face à d’autres problèmes et notamment à l’ampleur de la crise économique.
  • Les béats. Ceux-ci peuvent croire à la responsabilité humaine, mais ils lui font confiance pour résorber les problèmes par le progrès technique. Une grande part du climato-scepticisme américain se range dans cette catégorie dans un pays où la croyance dans le progrès technique reste très forte.
  • Les ultra-libéraux. Dans son ouvrage, Les marchands de doute, Naomi Oreskes a bien décrit la composante idéologique des climato-sceptiques. L’analogie avec la pastèque est omniprésente « Verte à l’extérieur, rouge à l’intérieur », ce qui renvoie à une menace de socialisation rampante de nos économies sous prétexte de régulation environnementale.
  • Les chipoteurs. Le réchauffement existe et l’homme en est responsable, mais les conséquences ne devraient pas être aussi catastrophiques que les prévisions l’indiquent. Le réchauffement pourrait même être favorable, notamment en ouvrant au tourisme des surfaces polaires, en raccourcissant le transport des marchandises par les pôles, en permettant l’accès à de nouvelles possibilités de gisement de matières premières.
  • Les calculateurs. Ceux-ci ne nient pas le réchauffement, mais considèrent que nos efforts doivent être placés là où les probabilités de réponse sont les plus efficaces. Il serait préférable d’agir pour lutter contre la famine car l’effet (envoi de nourriture) est immédiat, alors que la lutte contre le changement climatique ne s’effectuerait qu’au terme de probabilité de résultat.
  • Les cyniques. Ils admettent la part anthropique du réchauffement, mais ne veulent pas se sacrifier pour les autres et donc cherchent à minimiser le problème. On retrouve l’argument chez des entreprises européennes qui arguent des contraintes qui pèseraient sur leur compétitivité.

La galaxie climato sceptique est donc un peu plus complexe que quelques figures médiatiques en mal de notoriété ne pourraient le laisser croire.

Sur le sujet, on peut lire:

– E Zaccai, F Gemenne, JM Decroly. (Sous la direction de): Controverses climatiques, sciences et politiques. Presses de Sc Po. 2012. 252 pages.

2 sites: http://www.skepticalscience.com (pages en français)

j’aime bien aussi le site http://www.climate.be