Guillaume FOUCAULT. Communication cde crise

Editions Télémaque. 136 pages.
Un livre tout à la gloire de son auteur. Malgré ce côté détestable, certains messages sont bons à rappeler. L’ouvrage indique que la première qualité d’un bon communicant de crise est la disponibilité, que le déferlement médiatique est une réalité et il cite les 125 médias présents lors de la crise du Ponant, que la communication interne de crise est souvent sous-estimée et il cite les dégâts de l’affaire Volkswagen sur la culture d’entreprise. Il indique qu’un plan de restructuration ne doit jamais prendre le nom de l’entreprise et qu’il est important de bien nommer la crise pour y soustraire le nom de l’entreprise. A ce propos, il cite le mauvais exemple du dieselgate qui est devenu le scandale Volkswagen et à l’inverse l’affaire Air Cocaïne alors que l’avion appartenait à A. Afflelou.

Emmanuelle LOYER. Claude Lévi-Strauss

Flammarion. 910 pages.
Une remarquable traversée de l’histoire d’une des plus importantes personnalités des sciences humaines. Lévi-Strauss est né à Bruxelles en 1908 et il est mort en 2009 à Paris. Connu pour Tristes tropiques et pour l’anthropologie structurale, c’est aussi une histoire individuelle qui commença par la politique, continua par des enquêtes terrain au Brésil puis comme responsable culturel à New York après la deuxième Guerre Mondiale. Malgré sa stature (ou plutôt à cause d’elle), il a toujours été ignoré du monde universitaire avant d’entrer au Collège de France puis à l’Académie Française.
J’ai été étonné de savoir que sa vocation ethnologique avait été du pur hasard « Mais soudain, par la grâce d’un coup de téléphone à l’automne 1934, c’est la bifurcation : on propose au jeune agrégé de philosophie de partir pour le Brésil » (p. 95).
J’ai apprécié son recul par rapport aux critiques : « S’ils ne sont pas d’accord avec moi, ça me met en colère, et s’ils sont en accord, c’est nécessairement un malentendu » (p. 579) et sur le progrès « Dans ce que nous nommons progrès, il y a 90 % d’efforts pour remédier aux inconvénients liés aux avantages que procurent les 10 % qui restent » (p. 611).

Patrick BOUCHERON et Corey ROBIN. L’exercice de la peur. Usages politiques d’une émotion

Presses Universitaires de Lyon. 82 pages.
Patrick Boucheron vient d’être nommé au Collège de France, il avait écrit en 2013 Conjurer la peur, un livre consacré à une fresque du palais communal de Sienne. J’avais déjà chroniqué le livre de Corey Robin La peur, paru en 2006. Avec les attentats, le thème de la peur prend une résonnance particulière. Les auteurs débattent du sujet et montrent que la peur n’est pas irrationnelle, qu’elle est constitutive de l’autorité politiques. « Le mot d’ordre de tous les dirigeants dans l’histoire du monde : faire peur. » (p. 31). « La république perd pied dès lors qu’elle ne se comprend plus comme un équilibre pacifié entre les différentes peurs qui la divisent. » (p. 46).

Thierry LENTZ. Napoléon et la France

Vendémiaire. 252 pages.
Composé de douze essais parus pour des revues ou colloques, ce livre montre l’importance de l’héritage napoléonien pour la France. J’ai lu cet ouvrage parce que l’auteur est un ami et tout ne m’a pas intéressé. J’ai surtout été intéressé par le chapitre « Du bon usage des beaux-arts » où l’on voit Napoléon en maître de la propagande : « Napoléon avait très vite compris et mieux que d’autres, que la communication était un fondement essentiel de l’activité politique » (p. 153). Napoléon crée des journaux à sa propre gloire, se fait représenter en héros dans des tableaux, met à contribution des écrivains, organise des pièces de théâtre dont on oublie qu’à l’époque elles représentaient la seule distraction du soir. Sur un autre registre, on apprend notamment l’importance que Napoléon accordait au plein emploi.

Pierre DELORT. Le big data

Que-Sais-Je ? 128 pages.
L’auteur est un spécialiste des systèmes d’information et malheureusement son livre est beaucoup trop technique. J’espérais y trouver des réflexions sur le chambardement opéré par le big data sur nos vies quotidiennes, le rapport à l’espace public, la transformation des entreprises et on a surtout des données hyper techniques sur les supports et les logiciels.
J’ai toutefois appris que le terme big data datait de 2000 et que Google avait été créé en 1998 parce que ses deux concepteurs n’avaient pas réussi à vendre leur idée de moteur de recherche. Le dernier chapitre contient quelques pages intéressantes sur le big data appliqué à la publicité et mentionne des sociétés comme Criteo qui dispose de 2.000 serveurs et suit 200 milliards de ventes annuelles.

Gloria ORIGGI. La réputation. Qui dit quoi de qui

PUF. 300 pages.
Un ouvrage décevant, je pensais y trouver des idées applicables à la réputation des organisations. Le livre est surtout une longue dissertation un peu confuse et guère convaincante sur la réputation à ses propres yeux et à ceux des autres. Le dernier chapitre m’a davantage intéressé, peut-être parce que j’étais concerné dans ma carrière précédente. Il concerne les déterminants de la réputation académique. L’auteur montre comment les classements internationaux des universités basés essentiellement sur la recherche au détriment de l’enseignement ont perverti le système par une course effrénée aux publications par tous les artifices possibles, notamment le saucissonnage des résultats pour pouvoir proposer un maximum de publications à des revues différentes.

Frédéric NIETZSCHE

Fragments et aphorismes. Librio. 2015. 92 pages.
Une heure de lecture de Nietzsche pour 2 € et il reste quelques bonnes phrases : « Il faut toujours considérer le professeur comme un mal nécessaire », « La volonté de système est un manque de probité », « La presse est-elle autre chose qu’une fausse alerte permanente ? », « La morale est dans l’Europe d’aujourd’hui une morale de troupeau ». Mais, je reconnais qu’il ne m’en reste pas grand’chose et que la pensée nietzschéenne ne peut s’accommoder d’un tel réductionnisme.

Bernard MONTAUD et Christophe ROUX-DUFORT

La première paix mondiale. Un itinéraire vers la conscience. Editions Québec-Livres. 230 pages.
Christophe Roux-Dufort est un des meilleurs spécialistes en gestion de crise, désormais installé au Québec. J’ai eu l’occasion de travailler avec lui pour des formations ou des articles et j’ai toujours été impressionné par son extrême rigueur professionnelle et une simplicité et un humour permanent. Son livre, sans aucun rapport avec la gestion de crise, m’a beaucoup surpris. C’est un dialogue avec Bernard Montaud qui fut le promoteur des « Dialogues avec l’Ange », ouvrage que je ne connaissais pas avant de lire ce livre. Celui-ci part de l’idée que les violences persisteront tant que nous n’aurons pas fait la paix avec nous-mêmes. «Avant d’être en paix avec les autres, il faut d’abord être en paix au dedans avec soi-même. » (p. 56).
Aucune recette dans ce livre, mais de multiples pistes.

Edgar MORIN et Michelangelo PISTOLETTO

Impliquez-vous. Actes Sud. 96 pages.
Un livre sympathique d’entretiens entre ces deux auteurs, l’occasion de connaître Michelangelo Pistoletto, artiste italien et fondateur d’un lieu d’expérimentation, Cittadelarte. Les auteurs pensent qu’aucune réelle transformation ne peut s’opérer sans une nouvelle culture spirituelle, mais selon Edgar Morin, « Cette prise de conscience est polluée parce que les publicités, les différents organismes commerciaux, bombardent les gens en faisant la promotion de produits miracles » (p. 62). Sinon, c’est surtout une discussion générale et pleine de bonnes intentions.

Edgar MORIN. Penser global. L’humain et son univers

Editions Robert Laffont. 140 pages.
Recueil de six conférences prononcées par l’auteur à l’occasion de la création du Collège d’études mondiales créé par Michel Wieviorka. L’occasion de revisiter dans un langage clair la pensée d’Edgar Morin. J’ai appris par une note de bas de page (page 101) que si Daech faisait exploser des temples, le christianisme avait aussi détruit la bibliothèque d’Alexandrie. J’ai aussi découvert cette citation d’Aldous Huxley : « La plus grande leçon de l’histoire est que les humains ne tirent pas les leçons de l’histoire. »